Anonyme [1649], SVITTE DES MAXIMES MORALES ET CHRESTIENNES. , françaisRéférence RIM : M0_2427. Cote locale : C_6_7.
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XIV.

Il y a encore vne chose à cõsiderer dans l’estat des Souuerains,
qui n’est pas de moindre consideration ny importance,
pour le repos de leurs Sujets & la seureté de
leur conscience, qui est, qu’ils ne peuuent auancer qui
que ce soit, ny en biens ny en dignitez, au detriment ny
au preiudice d’autruy. Cette Maxime est de logue estenduë
à qui en voudroit faire l’anatomie selon toutes ses
parties : car elle comprend tout ce qu’on pourroit proposer
touchant l’aduancement des Fauoris, le changement
& la mutation des charges, offices & Benefices, la disposition
des Gouuernemens des Prouinces, & des conduites
militaires Ie diray seulement, que comme tous les biens
sont biens de grace, de corps, ou de fortune ; Pour les biens
de grace ils ne sont pas en la disposition des Roys. Pour
ceux du corps, quelque autorité qu’ils ayent sur eux, ils ne
peuuent pas oster la vie, ny mettre en captiuité vne personne,
afin de satisfaire à la passion d’vn Fauory, ou aux
troubles d’vn songe ou d’vne imagination. C’est vne
Theologie qui ressent trop du Machiauelisme pour auoir
passeport parmy des Chrestiens. Et pour ce qui regarde
ceux de fortune, qui consistent, ou en possessions, ou en
offices, il n’est pas moins certain qu’ils ne peuuent les
oster aux vns pour les donner aux autres, quelque pretexte
qu’on puisse prendre, s’il n’y a de la maluersation
ou de la forfaicture. Toutes ces veritez sont notoires par
elles mesmes. Il n’y a que les flateurs ou les impies qui
osent dire, que le Roy peut, quand il luy plaist, oster
les biens, les charges, les Offices, & les Benefices à
ceux qui les possedent, pour les faire passer en d’autresp>

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