Anonyme [1649], SVITTE DES MAXIMES MORALES ET CHRESTIENNES. , françaisRéférence RIM : M0_2427. Cote locale : A_6_9.
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que la medecine ne vienne à tard ; Et qu’aux extremes
maux, il faut des remedes extremes.

 

Si la France eust fait reflexion il y a sixans, sur la conduitte
du Cardinal Mazarin. Si le Parlement à la veuë
de son ambition & de son auarice, eust appliqué les remedes
dont il se sert à present, l’Estat ne seroit pas dans
la crise ou nous le voyons. Nous ne verrions point les
torches allumées dans toutes les Prouinces. Nous ne
verrions point les Estrangers à la solde de l’ambition &
du despit, afin de sapper le Royaume par ses fondements.
L’interest & la passion n’ayant pas pris les racines
quelles ont fait, nous ne verrions pas les diuisions
entre les parens & les amis comme nous faisons. Et
bien esloignez de ce malheur, qui faict voir la difference
des Chrestiens d’auec les impies, & des bons François
d’auec les meschants, nous ioüirions dans la tranquilité
de la paix, du repos, dont des Subjets fidelles deuroient
ioüir sous vn Prince tres-innocent comme tres-Chrestien.

Voila l’estat ou la France se trouue par vne trop grande,
ie ne veux pas dire negligence, mais bien prudence
ou condescendance, & auquel les lenitifs & les anodins
sont à present inutiles. Il faut de puissants purgatifs pour
chasser ces humeurs malignes, qui se sont comme changées
en nature. Et c’est de là, que les armes, qui iusques
à maintenant n’ont esté que sur la defensiue, n’ont
de rien seruy, pour mettre les ennemis du Roy & de
son Estat dans leur deuoir : & que tout ce qu’on a peu
escrire pour la conscience, a esté trop foible, pour toucher
le cœur, de ceux qui par leur obstination à persecuter



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