Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS. A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : A_5_29.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 16 --

C’est le vray lieu du throsne de nos Roys, & le veritable conseil
de Paris, de toute la France, & des nations mesmes estrangeres
qui s’y sont soumises. L’on n’y trauaille que pour la gloire & par
honneur : ces saints Areopages taschent par leurs peines, & par
leurs veilles à nous donner le repos, & les plaisirs d’vne douce
vie : Ils suënt pour le bien du public, ils s’exposent courageusement
à l’inimitié des meschans, & ont quelquesfois à combattre
contre les plus puissans. Ils se sont conseruez iusqu’à maintenant
auec vne reputation entiere ; les Roys les plus victorieux,
& les plus puissans les ont honorez, & y ont eux-mesmes conduits
les Princes leurs voisins, pour leur faire voir ce r’acourcy de
la grandeur & de la dignité de leur Estat : & les fauoris les veulent
abbaisser iusques à venir receuoir leurs commandements, &
prendre leurs Arrests par écrit dans leur garderobe.

 

Summum
populi Romani,
populorum
que, & gentium
omuiũ
Consilium Senatus.

Cicero pro
domo sua.

Idem pro P.
sextio qui autem
bonam
famam, bonorum,
quæ sola
verè gloria
nominari potest,
expetum,
otium quærere
dibent, &
voluptates
non sibi, sidandum
est,
his pro communibus
commodis,
adeundæ ini
mititiæ, subcundæ
sape pro
Republica tép
states : cum
multis audacibus
improbis,
nonnunquam
etiam
porentibus,
dimicandum.

Ie prendray la liberté de vous dire, que c’est vn bon-heur à
V. A. de n’estre iusticiable que d’vne si celebre assemblée, &
que c’est ce qui asseure vostre condition : Toutesfois vous estes
en armes pour exterminer son authorité, & pour changer cette
Monarchie en vn Estat Despotique. L’on dit plus, l’on dit que
l’on demande les testes des plus gens de bien, & que l’on a déja
disposé de leurs biens de la ville & de la campagne. Voyla le sujet
de la guerre, dont nous ne pouuons parler plus veritablement
qu’auec Ciceron, discourant de celle de Marc-Antoine, & dire
comme luy, * Cette guerre icy n’est point vne discorde ciuile, elle n’est allumée
que par l’esperance de quelques meschans qui ont adnoté nos biens, &
qui déja les partagent entr’eux chacun selon sa volonté. Apres vous
auoir exorté à r’entrer dans vous-mesmes, & dans l’interest de la
Patrie : si vous persistez à la molester, je tourneray ma voix vers
le Parlement, & ie l’exciteray d’appuyer son authorité de toutes
les forces de la France,

*
Hoc bellum
non exdissentione
partũs
sed ex nesacia
spe perditissimorum
cusiũ,
excitatùm,
quibus bona
fortunæque
nostræ notaiæ
sunt, & iam
ad cuiusque
opinionem
distributæ.

Ie me seruiray des paroles du mesme Ciceron, duquel il a
executé le conseil, il s’est preparé à poursuiure l’autheur de
nos maux, dés le iour de sa fuitte : Le peuple s’est declaré pour
luy, & l’on doit esperer que ce mal naissant, prendra bien tost fin
par la diligence de ces Magistrats. L’on n’a point perdu de temps,
les leuées sont faites, & nous auons d’excellens Chefs. La Renommée
n’attend que de les voir partir pour publier auec la Iustice
de nostre cause, la punition & la vengeance de l’orgueil de
ce meschant gladiateur estranger. Il connoistra que ce n’est point



page précédent(e)

page suivant(e)