Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.
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Les Parlemens y apportẽt l’authorité des loix, tous les François
conspirẽt à ce dessein : Il n’y à que vous qui retenez sur la maison
Royalle vn ioug infame, que le peuple ne peu souffrir, & qu’il secoüe
si genereusement. Nous sommes en armes pour cela, & vous
vous faites Capitaine des gardes d’vn homme indigne de la plus
basse charge d’aupres de V. A. Si bien qu’il faut vne armée pour
amener vn criminel infame qui ne deuroit estre traisné que par
des Sergens.

Ne voulez-vous point vous souuenir que c’est vne Corneille
déguisée, & que quand on à voulu commencer à la plumer, tout ce
qu’elle auoit d’éclat estoit emprunté. Il n’a d’esprit que pour
tromper par des fausses apparences, & pour corrompre de nostre
argent les femmes de la Cour, & quelques interessez : Il ne sçait
rien de toutes les sciences quoy qu’il ayt fait ramasser vne riche
bibliotheque, il n’a bien fait à aucun veritable docte, nous n’auons
pour toutes pieces de sa composition que des Brelans, & la seule
statué qui restera en la France sera le Valet de Carreau dans le
Hoc Mazarin ? Il ne parle qu’indiscrettemẽt, il écorche le François,
& ses comparaisons ne sont que de mechaniques dãs ses harãgues.
Il ná pour Conseillers que des infames, pour domestiques que
des criminels de France oú des bandis d’Italie, pour intrigues que
des garces & des filoux, pour amis que des volleurs & des blasphemateurs,
des joüeurs & des bouffons, qui ne connoissent rien, &
qui sont indignes de prendre aucune part à nos affaires.

Auec ces belles perfections il nous enleue nostre Roy, nostre
Reїne, nos Princes. Nous sçauons biẽ par quel artifice il à éu Monseigneur
le Duc d’Orleans, & il est tout public quil s’est seruy pour
le persuader, d’vn nommé barbier fils d’vn Mouleur de bois, sous
promesse de faire de ce Pedant vn Cardinal de la Riuiere : mais l’on
ne peut s’imaginer par quel conseil V. A. s’est vouluê jetter dãs ce
party, ny qui vous aura pû porter à dire dans vos Lettres écritte à la
Ville, que le Parlemẽt s’entendoit auec les ennemis de l’Estat, ny
commẽt vous auez en mesme temps cõmencé la guerre cõtre Paris.
Estce que cétte ville deuoit adjouster foy à cette calomnie doublemẽt
insigne, par la qualité des accusateurs surpris & trompez par la
malice du Sicilien, & par celle des accusez ? oú bien la croyez-vous
si lâche que d’exposer à la passion d’vn enragé la seule marque qui
luy reste de sa Majesté, & de ce quelle à d’auantageux sur toutes



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