Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.
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sans en estre complice, si l’on ne la vengeoit, & l’on vous desireroit
pour Chef d’vne resolution prise pour vôtre honneur, & pour
celuy de sa patrie. Vous vintes, Monseigneur, vous ne vous en ressentistes
pas ; mais quoy qu’il en soit ; vous pacifiastes ce désordre au
gré de tous les interressez, auec vne legalité qui vous continua l’amour
des peuples. L’on apporta vn temperãment aux désordres
de l’Estat & l’on publia cette belle Declaration qui doit estre doresnauant
le fondement inebranlables de la Monarchie. L’authorité
d’vn bõ Roy ny est point zelée, les Princes qui sont les premiers
objets de la persecution des fauoris y recouure ses Finances dérobées,
& le peuple y rencontre cette tranquillité depuis si long tẽps
troublée par l’insolence des mauuais Ministres, & par les rapines
sanguinaires des Partisans.

 

Monsieur le Duc d’Orleans, & vostre Altesse l’ont approuuée,
puis qu’elle s’est faite de vostre consentement & par vostre Conseil,
à la supplication du Parlement, qui n’a point vse d’autres forces que
de celles de la raison. La Cour est reuenuë à Paris & la Ville en a
reçeu vne joye inexprimable, l’on n’a parlé d’autre chose depuis,
que de l’execution des articles ordonnez, non plus par le Parlemẽt,
mais par le Roy : Et par ce qu’il estoit impossible que l’on ne découuris
les Larcins du Cardinal Mazarin, seul autheur de tous nos maux :
Ce chef des Volleurs de l’Estat tout puissant au prés de la Reyne
Regente, s’est serui de tout son credit pour l’empescher.

Le bruit est tout commun qu’il vous entretient de grandes esperances
pour estre protegé de vostre Altesse : mais que peut-il, vous
promettre verbalement pour vn action indigne de vostre sang & de
vostre vertu. que l’on ne vous accorde en effet, pource que vous
auez desja merité ? & n’est ce pas vne extreme insolence à ce perfide,
de vous proposer pour prix de son salut de nouueaux Estats qui
vous sont deubs pour vos seruices & que vous ne pouuez receuoir
que de la main de ceux cõtre lesquels il vous arme. C’est faire peu
de cas de ce que vous auez fait auec tant de gloire, & c’est vne estrãge
d’estimer plus que tant de Villes cruel ennemy de l’Estat. Il n’y va
point de vostre honneur de le maintenir, au contraire, s’en est fait,
& vous perdez le fruict de toutes les obligations dont la France
vous est redeuable ? si vous serués contr’elle mesme de la reputation
que vous aués acquis pour elle.



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