Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : C_3_22.
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C’est le vray lieu du throsne de nos Roys, & le veritable conseil
de Paris, de toute la France, & des nations mesmes estrangeres
qui s’y sont soumises. L’on n’y trauaille que pour la gloire & par
honneur : ces saints Areopages taschent par leurs peines, & par
leurs veilles à nous donner le repos, & les plaisirs d’vne douce
vie : Ils suënt pour le bien du public, ils s’exposent courageusement
à l’inimitié des meschans, & ont quelquesfois a combattre
contre les plus puissans. Ils se sont conseruez iusqu’à maintenant
auec vne reputation entiere ; les Roys les plus victorieux,
& les plus puissans les ont honorez, & y ont eux-mesmes conduits
les Princes leurs voisins ; pour leur faire voir ce r’acourcy de
la grandeur & de la dignité de leur Estat : & les fauoris les veulent
abbaisser iusques à venir receuoir leurs commandements, &
prendre leurs Arrests par écrit dans leur garderobe.

 

Summum
popuis Romani,
populorum
que, & gentium
omuiũ
Consilium Senatus.

Cicero pro
domo sua.

Idem pro P.
sexito. qui autem
bonam
famam, bonorum,
quæ sola
verè gloria
neminari potest,
expetuns,
orium quærere
aibent. &
voluptates
non sibi, sudandumest,
bis, pro commisnibus
commodis
adrundæ ini
[illisible]

Ie prendray la liberté de vous dire, que c’est vn bon-heur à
V. A. de n’estre iusticiable que d’vne si celebre assemblée, &
que c’est ce qui asseure vostre condition : Toutesfois vous estes
en armes pour exterminer son authorité, & pour changer cette
Monarchie en vn Estat Despotique. L’on dit plus, l’on dit que
l’on demande les testes des plus gens de bien, & que l’on a déja
disposé de leurs biens de la ville & de la campagne. Voyla le sujet
de la guerre, dont nous ne pouuons parler plus veritablement
qu’auec Ciceron, discourant de celle de Marc-Antoine, & dire
comme luy, *Cette guerre icy n’est point vne discorde ciuile, elle n’est allumèe
que par l’esperance de quelques meschans qui ont adnoté nos biens, &
qui déja les partagent entr’eux chacun selon sa volonté. Apres vous
auoir exorté à r’entrer dans vous-mesmes, & dans l’interest de la
Patrie : si vous persistez à la molester, je tourneray ma voix vers
le Parlement, & ie l’exciteray d’appuyer son authorité de toutes
les forces de la France,

*
Hoc bellem
non ex dissentione
partiũ,
sed ex nesarta
[1 mot ill.]perditissimorum
ciutu,
excitatum
quibus bona
[2 lignes ill.]
sunt, & iam
ad cuiusque
[2 lignes ill.].

Ie me seruiray des paroles du mesme Cieeron, duquel il a
executé le conseil, il s’est preparé à poursuiure l’autheur de
nos maux, dés le iour de sa fuitte : Ie peuple s’est declare pour
luy, & l’on doit esperer que ce mal naissant, prendra bien tost fin
par la diligence de ces Magistrats. L’on n’a point perdu de temps,
les leuées sont faites, & nous auons d’excellens Chefs. La Renommée
n’attend que de les voir partir pour publier auec la Iustice
de nostre cause, la punition & la vengeance de l’orgueil de
ce meschant gladiateur estranger. Il connoistra que ce n’est point



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