Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

aux Sujets humiliez, mais de ne penser qu’à l’extremité &
à regret, à dompter les rebelles, estans resolues de ne dénier leurs
bonnes graces, qu’à ceux qui demeureront opiniâtres à les refuser.

 

C’est recourir à vn eschapatoire trop ridicule pour s’y arrester, de
dire que vous n’en voulez pas au Roy : Il faut laisser aux enfans
ce discours avec des noix pour les en amuser : & l’on ne doit plus
rien trouver estrange de ceux qui osent appeller le party du Roy,
celuy que le Roy en personne, la Reine Regente sa Mere, son Altesse
Royale, le Prince de Condé, & les Officiers de sa Couronne,
assiegent, & contre lequel sa Majesté pointe ses canons. Changez
auparavant les noms à toutes les autres choses, & ne parlez plus par
tout ailleurs que par antiphrase, comme icy, & alors nous vous
pourons entendre. Le Roy envoye-t’il des Heraulds à son parti,
& s’il leur en envoye, les refuse-t’il ? Le Roy traite-t’il par Deputez
avec lui mesme ? Il n’y eut iamais que le visionnaire Antiphon
qui se saluoit, s’interrogeoit & se repondoit, qui en vsat de la sorte.

Vous avez bien de la peine à couvrir vos actions de plus de fueilles
qu’il n’en faudroit pour faire vn gros volume, mais si l’on veut
donner le tort à l’agresseur, est ce le party du Roy qui a donné le
premier branle à ces Mouvemens, & auquel par consequent on
doit imputer la cause de nos troubles, comme c’est celuy lequel remuë
l’eau, auparauant tranquille, qui la trouble. Ne sont-ce pas
vos frequer tes assemblées de Chambres faites contre ses defenses ?
Est ce donc luy qui a interrompu le calme où estoit la France
il y a huit mois ? Qui vous a empesché de les laisser écouler, &
autant encore s’il eust esté besoin pour laisser faire la paix generale,
que ces tumultes ont empeschée ?

Car puisque le mal dont vous vous plaignez, dure à vostre dire
il y a 40 ans, & que le Parlement ne s’est soulevé que depuis huit
mois, la cause de cét armement en doit estre attribuée au Parlement
& non pas à ce mal inveteré : qui n’a pas toutefois empesché
durant les cinq années dernieres que la France n’ait triomphé de
ses ennemis, ce qu’elle n’a cessé de faire que depuis vostre soulevement,
que vous appellerez comme il vous plaira.

Les charges, dites vous, estoient insuportables, & les finances
mal ménagées : le Cardinal premier Ministre gastoit tout. Ces
plaintes sont aussi vieilles que cette Monarchie : les régences particulierement
n’ayant iamais esté exemptes de calomnies. Sans recourir
aux exemples éloignez de nostre memoire & de celle de



page précédent(e)

page suivant(e)