Anonyme [1652], LA CENSVRE ET L’ANTIDOTE DE QVELQVES MAXIMES tres-pernicieuses, contenuës dans vn libelle qui a pour titre, Le recit du duel déplorable entre Messieurs les Ducs de Beaufort, & de Nemours. Addressé à la Noblesse Raisonnable & Chrestienne. , français, latinRéférence RIM : M0_672. Cote locale : B_9_23.
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pour la profaner : l’honneur du monde, l’interest, & la volupté
estans les seules diuinitez qui regnent sur la terre, à qui iour &
nuict on sacrifie vne infinité d’ames. Diuinitez tres-execrables
chez qui les Sacremens sont les blasphemes & le parjures,
chez qui les Autels sont les tables, & les lits impudiques, &
les ordinaires holocaustes, les larcins, les crapules, les vengeances,
les oppressions & les meurtres.

 

Il est vray que la famine est vn mal & vn fleau terrible, &
qui peuple beaucoup les cimetieres, moissonnant vn si grand
nombre d’ames ; mais ce desastre n’attaque ordinairement que
les pauures, qui par l’excez de la disette, se nourrissans de choses
nuisibles, sont accueillis de maladie, & immolez à la necessité
publique ; neantmoins les riches trouuent assez de moyens
de s’exempter de ces miseres, & quelques-vns ne laissent pas
encore d’en auoir assez pour engraisser leurs chiens & leurs
valets, quoy qu’ils voyent les pauures manquer de miettes
pour se rassasier, & de haillons pour se couurir.

La peste aussi est vne chose horrible ; il est vray : C’est vn
fleau qui n’a acception de personne, non pas mesme de la
pourpre Royale : mais les plus pauures, dans les Estats bien
policez, ne laissent pas d’estre pourueus de toutes les commoditez,
& quant au temporel, & quant au spirituel. Ou dans
les guerres ciuiles, on ne trouue aucun repos, ny soulagement
ny retraite, ny seureté. Par tout on ne void que des cruautez,
des vengeances, des vexations, des perfidies, des carnages, des
incendies, & mesme des parricides, en vn mot des moissons
sans nombre pour les demons.

Or vn des plus damnables effets de cette horrible engeance,
c’est non seulement l’impunité des duels, & de toutes
sortes de crimes ; mais encore l’establissement des heresies,
des mauuaises doctrines, & des maximes contraires à la Religion
& au bien de l’Estat. C’est ce que nous auons veu ces
jours passez dans vn papier volant, qui porte pour titre :
Le Recit du duel déplorable entre Messieurs le Duc de Beaufort & de
Nemours, où pour monstrer l’ignorance, l’aueuglement, la
fausseté, & le venin mortel que contiennent quelques maximes



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