Anonyme [1652], LA CENSVRE ET L’ANTIDOTE DE QVELQVES MAXIMES tres-pernicieuses, contenuës dans vn libelle qui a pour titre, Le recit du duel déplorable entre Messieurs les Ducs de Beaufort, & de Nemours. Addressé à la Noblesse Raisonnable & Chrestienne. , français, latinRéférence RIM : M0_672. Cote locale : B_9_23.
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Et ie souhaiterois ce Liure où l’Estat Ecclesiastique & seculier
fulminent si clairement contre ce crime, fust entre les mains
de tous les Nobles du monde, pour en conceuoir l’horreur
& la detestation qu’il merite. Ie ne puis que ie ne louë Dieu
du dessein qu’il a inspiré à ceux qui en ont esté les Autheurs,
& à celuy qui a donne ses sueurs à cét Ouurage.

 

Ce liure se
vend chez
Roger, Libraire,
ruë
des Amandiers,
deuant
le College
des
Grassins.

Mais i’ay eu vne consolation speciale d’entendre qu’on le
faisoit apprendre par cœur à de ieunes Gentils-hommes, &
que l’vn d’eux a fait depuis peu vne resolution digne d’vn esprit
veritablement Chrestien. I’ay trouué en ce Liure, outre
les preuues qui conuainquent & qui accablent vne personne
raisonnable, des exemples de pieux si signalez, qu’auec la solidité
des raisons on y peut receuoir vn pieux diuertissement :
& cét agreable meslange m’en fait derechef souhaitter la
veuë à tous les Gentils hommes de France, veu particulierement
qu’ils peuuent parcourir tout cét Ouurage en fort peu
de temps.

Donc renuoyant le Lecteur à cette courte occupation,
pour destruire cette premiere maxime, que les loix de l’honneur
non seulement permettent : mais encore commandent le
duel ; Ie dis premierement qu’elle ne peu estre auancée sans
donner vn dementy à tant d’illustres Mareschaux de France,
qui ont si genereusement, & si Chrestiennement approuué la
Declaration & protestation faite contre le duel par plusieurs
Gentils-hommes de marque, comme aussi à tant de venerables
Prelats qui l’ont si hautement exaltée suiuant ce qu’on
peut voir dans le volume allegué.

Or ie demande si le veritable honneur n’est pas l’effet &
la recompence d’vn veritable merite, & si le veritable
merite peut proceder d’vn autre source que de la seule vertu ;
donc par la loy de l’honneur tous les Nobles sont obligez
d’éuiter le duel, puis qu’il tient lieu de crime dans toutes
sortes de Loix, & dans toutes sortes d’Estats, comme on
le peut verifier par vne induction generale de deux chefs :
D’où il faut tirer vne autre consequence, à sçauoir que le



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