Anonyme [1652], LA CENSVRE ET L’ANTIDOTE DE QVELQVES MAXIMES tres-pernicieuses, contenuës dans vn libelle qui a pour titre, Le recit du duel déplorable entre Messieurs les Ducs de Beaufort, & de Nemours. Addressé à la Noblesse Raisonnable & Chrestienne. , français, latinRéférence RIM : M0_672. Cote locale : B_9_23.
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qui y sont contenuës, Ie les mettray icy en éuidence, pour
détromper la noblesse & la déliurer du naufrage éternel que
luy peuuent causer ces écüeils, reїterant ce que i’ay insinüé
dés le commencement, que ie n’attaque personne en particulier,
non pas mesmes l’Autheur de ces maximes, & que
pour le détail de ce combat, ie n’en prends aucune connoissance :
Et ainsi pour ce qui est du Prince qui a suruescu à
sa partie, qu’il dit estre innocent & criminel, ie laisse la chose
telle qu’elle est : seulement ie dis que pour les veritables
duels (soit qu’on parle de ceux qui prouoquent, soit qu’on
parle de ceux qui sont appellez), il n’y peut auoir d’innocence,
ces funestes combats estans condamnez par la loy de nature,
par celle de la raison, par les commandemens de Dieu, par les
Decrets des Papes, par les Sentences des Conciles, & par les
Edicts, des Princes. Or ces mal heureuses maximes sont les
suiuantes.

 

1. Que les loix de l’honneur permettent non seulement le duel,
mais encore le commandent.

2. Qu’vn homme ne passera que pour poltron qui aura refuse le
duel, on qui n’aura point fait vn appel, ayant témoigné se tenir piqué
contre vn autre, & que c’est icy l’antinomie de la Iustice & de
la Noblesse.

3. Que le Souuerain deffend le duel comme chef de la Iustice,
& ne le condamne point comme chef de la Noblesse.

4. Qu’il est certain qu’il n’y a que les genereux qui puissent entreprendre
le duel.

Quant au premier de ces chefs, en remettant l’éclaircissement
& l’ample exposition de toutes nos autres réponses à la
lecture d’vn liure que i’ay eu entre les mains depuis peu, intitulé
La destruction du duel, par le iugement de Messeigneurs les
Mareschaux de France, auec la resolution des Prelats, & l’aduis
des Docteurs, &c. donné n’agueres au public, où on trouuera
tant d’horreur, tant d’extrauagance, tant de barbarie, & tant
de lâcheté dans le duel, qu’il faut que quoy seulement on cesse
d’estre Chrestien, mais encore d’estre homme, pour consentir
à vne telle abominatiõ, soit qu’on apelle, soit qu’on soit apellé.



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