Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : E_1_127.
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d’innocens fussent inutilement respanduës : que les vœux qu’ils
font incessamment prosternez à ses pieds deuant l’Autel seroient
exaucez : qu’il romproit les charmes, dont ses ennemis & ceux
de l’Estat ont enchanté Vostre Majesté, & osteroit ces cataractes
funestes de dessus vos yeux, afin de faire voir à Vostre Majesté
auec horreur, la condition mal-heureuse, & pire que celle des
chiens, où font reduits les Sujets du Roy & les siens.

 

Personne, Madame, n’a iamais douté de la pieté de Vostre Majesté :
Elle en a donné & donne incessamment des tesmoignages
trop sensibles : Nous sçauons qu’elle a la conscience timorée : que
la seule ombre du peché veniel luy fait peur : Et par ainsi que ces
extrêmes malheurs qui commencent auec tant de barbarie, & qui
ne sont pas prests de prendre fin, si Dieu par sa misericorde n’y
met la main, ne sçauroient prendre leur source dans le cœur tout
deuot de Vostre Majesté, que de la mauuaise impression que luy
en peuuent auoir fait des Theologiens Mahumetans non pas
Euangeliques.

On le dit, Madame, & nous le tenons comme article de creance,
tant nous sommes affermis dans les bons sentimens que nous
auons de ceux de vostre Majesté ; qu’il s’est trouué des personnes si
esloignées des loix du Christianisme, & si peruerties de iugemẽt,
qu’elles ont bien osé luy persuader, que non seulemẽt elle pouuoit,
mais qu’elle deuoit traitter Paris, le Parlement, & touts la France,
auec la rigueur sans exemple, dont nous voyons les estranges
commencemens : qu’il y alloit de son hõneur & de sa conscience,
aussi bien que de la grandeur du Roy, dont elle doit maintenir
& conseruer l’authorité : que c’estoit vne rebellion formée qu’il
faloit punir, à peine d’en estre responsable deuant Dieu & deuant
les hommes : Et que dans l’excez & la suitte de cette vangeance, il
n’y auoit pas pour vostre Majesté, matiere depeché veniel.

O Dieu ! ô Sauueur ! ô Sang adorable respandu en la Croix ! ô
Corps sacré immo tous les iours sur nos Autels ! Se peut-il bien
faire que parmy ceux qui sont destinez au ministere d’vn si auguste
sacrifice, il s’en trouue, dont les pensées soient si sacrileges ? qu’apres
vous auoir presté leurs mains, & leur bouche pour offrir vôtre
corps en victime agreable à vostre Pere, ils les prestent en suitte
à Satan, pour se faire des victimes sanglantes de vos enfans ?
Que la mesme langue qui vous a seruy d’instrument pour former



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