Anonyme [1649], LA DECADANCE DES MAVVAIS MINISTRES D’ESTAT, ET LES FRVICTS QV’ILS ONT RECEVS POVR LEVRS SALAIRES. Dediée aux Amateurs de la Paix. , françaisRéférence RIM : M0_865. Cote locale : C_7_2.
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prison, d’où il ne fut retiré qu’apres dix années, par l’entremise de
Iean de Rouuer, Cardinal & Legat de Sixte quatriéme.

 

Mais l’exemple ne peut arrester ny changer les mauuaises inclinations,
l’ambition & la conuoitise sont des torrens qui ne rencontrent
point de digues ; l’appareil des supplices, & le chastiment des
crimes ne sert qu’à réueiller la fureur des criminels, la Iustice qu’on
rend à leurs semblables les touchent comme vne injure receuë, les
feux & les fers ne font qu’eschauffer dauantage, le desir de leur violence,
& le sang versé des coupables les rend plus alterez de celuy
des innocens.

Sous le regne de ce mesme Monarque, la France se vit oppressée
des concussions & des tyrannies de deux autres serpenteaux, deux
sangsuës nées dans la vase & le limon du Royaume, autres vilains
de marests qui eurent vn iour l’audace de refuser de l’eau aux enfans
des Dieux ; vn Chirurgien, & vn fils de Cordonnier Oliuier
le Diable, depuis appellé le Daim, & Iean Doriac tous deux comme
suscitez des Enfers pour le chastiment des trois Estats de France,
tous deux ennemis de la valeur, de la munificence des bonnes
Lettres & des Arts, & toutesfois tous deux biens voulus d’vn des
plus grands Monarques qui aye porté la Couronne des Lys, iamais
la licence ne trouua plus de prise dans des cœurs effeminez, la molesse
sembloit fortifier leur authorité, leur auarice passoit pour bonne
conduite, & les Courtisans ébloüis de leurs fortunes prenoit
leur lascheté pour vne prudence ; Mais quoy les iours sont suiuis
de tenebres, & la fortune toute de verre se dissout & se destruit dans
son ; plus grand esclat, les prodiges en presagent d’autres ; vn hibou
parut en plain iour pour annoncer la fortune d’Herodes à Agrippa,
& ce mesme oyseau mal-encontreux fut vne autrefois le Messager
de sa Mort, ainsi ses deux vilains abusans de la faueur Royale,
ses auortons de Fauoris apres auoir eu l’audace de mespriser les
Princes & la Noblesse, apres auoir eu l’audace de porter les Couronnes
de perles, & les tiltres de Gouuerneur de Prouince ; parmy
cét esclat de gloire & de pompe, ils se virent surpris par le coup inopiné
de ce bras qui punit seuerement les testes qui s’éleuent contre
son authorité, l’vn comme vn autre amant se vit esleuer sur le bois
qu’il auoit dressé contre le iuste ; Oliuier le Dainfut pendu par l’Arrest
du Parlement, & l’autre eut le nez & les oreilles couppées pour
seruir toute sa vie de risée à ceux sur le frõt desquels il auoit si long-temps
imprimé vn tyrannique respect ; Et comme Dauid ne fit pas



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