Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
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d’avoir fait le contraire Oüy MON COVSIN,
le Createur du Ciel & de la terre, que i’adore, me
fasse la grace de demeurer eternellement dans cette
prison, si ma sortie n’est profitable à mon Ame, à
mon Roy, & à l’Estat : I’ay eu certainement vn
grand combat, avant que de pouvoir gangner sur
mon esprit à vous escrire mes conceptions, que ie ne
prévoyois de longue haleine, cette raison m’en eut
possible rebutté, si la peur que i’ay eu de ne ratrapper
pas vne pareille commodité, ne m’y eust obligé,
tant pour vous tesmoigner le zele que ie porte au
Roy, à l’Estat, & à ma iustification, que pour tirer
gloire d’avoir imité dans ma prison le grand Abbé
de Sainct Ciran, que comme moy innocent, fut
traitté en coulpable : Et i’oserois, sauf sa dignité,
comparer mes divertissements aux siens : Ses belles
lettres escrites dans le lieu où ie suis, souffrent par
leur longueur quelque comparaison à la mienne, &
le zele que i’ay tesmoigné, & desire tesmoigner au
Roy, & à l’Estat, ne se peuvent mieux comparer
qu’à celuy qu’il avoit au service de Dieu, lequel
vueille verser sur moy vn rayon de sa misericorde,
& à de Turennes la perseverance dans les bons sentiments
qu’il a pour le Roy & l’Estat, & à moy le
moyen d’effectuer les miens, & vous tesmoigner à
quel point ie suis,

 

MON COVSIN,

Vostre tres-humble & tres-affectionné
serviteur LOVIS DE BOVRBON,



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