Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
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de succez pour leur dessein qu’ils l’ont crû equitable :
à quoy certainement (si j’ose le dire) l’on a vzé d’vn
peu trop de precipitation dans la creance des faux tesmoins,
& en l’arrest de l’innocent. Ie comprends
que vous n’aurez pas seulement la gloire de ma justification,
mais qu’ayant chassé cet hidre de la France,
icelle toute entiere vous benira ; & proclamera hautement
que c’est du valeureux Turennes qu’elle tient
son repos : Le Roy mesme vous tesmoignera, venant
à sa majorité, qu’il n’est pas peu obligé à vostre fidelité
& à vostre zele, non plus qu’à la tranquillité de
laquelle il joüira apres la mort de cet autre hidre
humanisé qui a rauagé nos prouinces. Cette gloire
ne se peut comparer qu’à celle de Ieanne Darques
Pucelle d’Orleans ; & ie ne sçay à quel des deux la
France paroistra plus obligée, ou à quel des deux
defenseurs elle sera plus redeuable. Darques émeuë
par nos mal-heurs nous protege, & destruit nos ennemis ;
& Turennes plus zelé pour l’Estat, ne doit
pas attendre la tromperie, mais la prevenir.

 

Certainement, j’enuierois cette gloire à toute autre
personne qu’à vous : & ie vous avouë qu’il possede
(j’entens cet hidre Cardinalisé) des qualitez, que
quoy que nous les connoissions pour tres-mauuaises,
ont des facultez qui le sont beaucoup plus. O que si
j’eusse reconnu (estant en liberté) l’vtilité de son exil
ou de sa mort, autre que Louys de Bourbon n’en eut
esté l’autheur ! Suiuez donc mes justes desseins puis
qu’ils vous comblent de gloire, & que vous comblez



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