Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
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bouleverser l’Estat, & de s’en rendre possesseur. Certainement
s’il avoit la politique d’Herodes, comme
il en a l’humeur sanguinaire, & comme luy, addonné
aux fourberies, aux jalousies, & aux méfiances,
ie craindrois pour nos nos vieux Hircans, Iosephs
& Sohemes, & pour nos jeunes Aristobules,
aussi bien que pour nos chastes Marianes : Voyla
ce qui est à craindre, & dequoy l’Estat aussi bien
que le Roy, vous sera obligé.

 

Touchant le troisiesme point, qui n’est autre
que celuy de l’honneur que vous aquerrez en servant
vostre Roy, protegeant l’Estat, & vn Prince
qui ne souhaitte son eslargissement que pour se iustifier,
& tesmoigner à la France par ses façons d’agir,
qu’il n’a iamais eu dans l’esprit aucun mauvais
dessein contre elle : Le Roy quittant sa minorité,
ne changera pas certainement son opionion :
Car j’ose m’assurer, que quoy qu’on le veuille obliger
à me croire criminel, il a trop de connoissance
du zele & de la veneration que ie porte à sa sacrée
personne pour ne pas reconnoistre que ce sont des
impostures Mazarines. La Reine & Monseigneur le
Duc d’Orleans (qui ont toute la benignité en partage,
& qui ignorent toute malice) ont crû que les
chefs de leurs Conseils en estoient dépourueus ; & par
ainsi par vn excez de bonté, qui m’est tres-fatale, ont
adjousté trop de credulité aux accusations fausses &
calomnieuses que Mazarin &c. N. y compris M.
d. C. leur ont produites dans leur esprit auec autant



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