Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
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qu’vn tel bannissement apporteroit à sa sacrée
Majesté, puis qu’il n’y a rien d’impossible que ce
qu’on n’ose entreprendre : L’esprit que ie descris est
assez connu de tout le monde pour incapable d’vne
fonction telle qu’il exerce ; mais tous ne connoissent
pas les execrables pretentions qu’il trame dans
iceluy, & quoy qu’il n’en ait pas assez pour faire
reüssir le moindre de ses desseins, il en est assez dépourveu
pour entreprendre & produire des bouleversements
versements dans l’Estat, & quoy qu’infailliblement
sa mort payast vne partie de sa temerité, elle est de
trop petite consequence, & trop necessaire au Roy
& à l’Estat, pour differer & attendre de nouvelles
matieres : Nous avons trop de preuves de son ambition
qui sont assez recentes, ie n’allegueray pas
qu’il fit il y a quelque temps quitter le froc à son
frere pour le faire Archevesque, puis que ie suis asseuré
que ce fut pour estre Vice-Roy de Catalogne,
dignité que ie ne luy ay pas enviée ; mais disputée
autant que la minorité d’vn Roy me le pouvoit permettre,
& si la mort n’eust borné ses pernicieux desseins,
il pretendoit oster de sa Royauté le vice. Les
plus confidents du Cardinal m’ont dit autrefois en
forme de confidence, quoy que certainement i’y adioutasse
peu de foy, que Mazarin avoit en leur presence
machiné, & mesme expliqué quelque fois,
tant il est dépourveu de iugement, qu’il estoit assez
facile à vn homme qui eust quelque credit, & quelque
bonne infinuation dans l’esprit du peuple de


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