La Colombière, Marc de Vulson de [?] [1649 [?]], RAISONS D’ESTAT, Contre le Ministere Estranger. , françaisRéférence RIM : M0_2962. Cote locale : A_8_30.
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RAISONS D’ESTAT,
Contre le Ministere Estranger.

VOVS me demandez ce qu’on pensoit de mon temps,
de la confiance que la Reine Mere Marie de Medicis,
auoit establie au Mareschal d’Ancre. Moy qui
sans m’interesser beaucoup de ce qu’on faisoit à la
Cour, i’ay tousiours trauaillé, & pris soin pour m’instruire
de ce qu’on y deuoit faire : Ie vous aduouë
que ie suis beaucoup empesché, de quelle façon ie vous dois obeïr.
Mon aage, ny mes occupations, ne me permettent pas de composer
vn volume sur cette matiere, & pourtant ie sçay bien qu’il y a
suffisamment pour en faire vn. De sorte que ie vous satisferay sans
doute imparfaitement. Cependant il ne faut pas consulter de faire
ce que vous m’ordonnez, & tout ce que ie puis dire est de vous
escrire en abregé, les sentimens de nostre vieille Cour, & d’y ioindre
vn extrait des temps & des Histoires, pour vous monstrer que
les Estrangers ne doiuent point estre admis au maniment des affaires
publiques.

C’est vne maxime Politique receuë de tout temps, que les
Estrangers introduisent les mœurs & les vices de leurs pays, dans
celuy qu’ils viennent habiter, qu’ils y corrompent toutes choses,
& que de cette corruption naissent les vices, qui donnerent
autrefois sujet au Prophete Ezechiel de s’écrier contre Hierusalem :
Fasouche, & ta generation est de la Terre de Chanaan ton pere est
Amorrhéen, & ta mere Cetheenne. C’est pourquoy le Sage defend
absolument d’admettre les Estrangers aux honneurs qui sont deus
aux veritables Citoyens. Ne transfere point aux Estrangers les honneurs
qui te sont deubs, & ne commets point tes iours à l’homme cruel, de crainte
que les Estrangers ne se fortifiont de tes forces, & que les fruits de tes trauaux
ne passent dans vne main estrangere.

Hebreu.

Ce mesme fondement a seruy au Philosophe dans sa Politique,
pour luy faire dire hardiment, que le moyen de destruire vn Estat,



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