La Colombière, Marc de Vulson de [?] [1649], RAISONS D’ESTAT, CONTRE LE MINISTERE ESTRANGER. , françaisRéférence RIM : M1_192. Cote locale : C_9_4.
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achepta la possession auec vne somme immense d’argent, entre les
conditions, moyennant lesquelles ils consentoient au mariage, celle-là
fut la premiere : Qu’aucun Estranger n’auroit la Magistrature,
ny ne seroit receu aux honneurs publics. Et bien qu’il y eust vne
parfaite vnion alors entre eux & les Espagnols, la ialousie pourtant
qu’ils en conceurent, lors qu’ils apprehẽdoient de leur voir tomber
le Ministere entre les mains, fut si grande qu’ils cõmancerent leur
capitulation par là, comme l’endroit qui leur estoit le plus sensible.

 

Escossois
Anglois.

François,
& Exemples.

Les François, qui ont tousiours voulu viure selon leur ancienne
liberté, n’ont iamais pu souffrir le Ministere des Estrangers, non
seulement pour l’apprehension qu’ils ont de se voir deuancez par
eux, dans les charges & dans les honneurs, dont ils sont tres-ialoux :
Mais pource qu’il leur a presque esté impossible de s’accoustumer
à la legereté des Anglois, à la pesanteur des Alemãds, au faste
des Espagnols, & à la longueur des Italiens, tant à bien resoudre
qu’à bien faire. Les nouuelles façons d’agir qu’on a voulu introduire
parmy eux, & sur tout dans les choses où il y a de l’interest
des particuliers, leur ont esté insupportables. Et nostre Histoire
nous en remarque peu, qui ayent remporté tout l’auantage qu’ils
s’en estoient promis. Charlemagne eut beaucoup de peine à étouffer
par a dresse ou par force, les conspirations que les Lorrains firent
contre luy : parce que pour la justice, & pour les armes, il se
seruoit plustost des Estrangers que de ceux du pays.

Charles Duc de Bourgogne, apres auoir essuyé les plaintes que
ses sujets firent contre luy, parce qu’il auoit éleué le Comte de
Campobacho Napolitain iusques à sa faueur & à son Ministere,
trouua qu’il auoit donné son affection à vn traistre, & que son
Estat estoit en danger par l’infidelité de celuy, à qui il en auoit confié
la conduite.

Charles le Simple ayant voulu au mépris des François, remettre
les principaux soins de ses affaires à des Alemands, fut enfin dépouillé
de sa Couronne, & finit sa vie en prison. Et Lothaire son petit
fils ne s’estant point rendu prudent par le mal-heur d’autruy, laissa
l’Empire si foible & si fragile à son fils, qui fut le dernier de la race
de Charlemagne & qui y commanda. L’Empereur Louys mesme
ne se put garentir, qu’auec beaucoup de peine, des conspirations
faites contre sa personne par ses propres enfans, & par les Princes
de l’Empire, parce qu’il auoit fait venir dans sa Cour, Bernard



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