J. Ch. [signé] [1649], LETTRE VERITABLE ENVOYÉE A MAZARIN PAR LE REVEREND PERE INNOCENT CALATERONE SCICILIEN, GENERAL DES R. R. P. CAPVCINS de France & de Flandre. , françaisRéférence RIM : M0_2260. Cote locale : C_3_25.
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est vne leçon qui a beaucoup d’efficace, & l’on
se figure aisément que la pratique des vertus n’est
pas si difficile que quelques-vns la figurent, quand
on scait qu’elles ont esté pratiquées par des Monarques.
Pour moy qui n’adioute point de foy à tous
les libelles où l’on vous a dépein plus noir que les
Maures, ie veux croire que vous estes vertueux, &
cependant ce n’est pas encore assez de l’étre, il faut
que les ministres fassent éclater ce qu’ils ont de
bon. Il n’appartient qu’aux Hermites de cacher
leurs vertus dans des grottes & à l’ombre de leurs
bois, ceux qui tiennent vn rang considerable
dans les Royaumes, les doiuent faire parestre auec
tout ce qu’elles ont de magnifigne. Mais certes
i’ay crainte de prescher contre l’vtilité publique
par vne si longue lettre, c’est pourquoy ie la finiray,
par où ie l’ay commencée : Or ie me seruiray
de la fable du Medecin chez Esope qui veut faire
croire à son malade, que les diuers incidens de sa
maladie sont des signes de sa santé, cela veut dire
que la flatterie donne tel visage qu’il luy plaist aux
bonnes où aux mauuaises choses : Voila ce que
i’ay cru estre obligé de vous dire pour satisfaire à
ma conscience, & ie prie Dieu qu’il conserue vostre
Eminence, ce sont les vœux que fait pour
vous.

 

MONSEIGNEVR,

Vostre tres-humble & tres affectionne
seruiteur en I. Ch.



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