Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?]; Joly, Guy [?] [1652], SVITE VERITABLE DES INTRIGVES DE LA PAIX, ET DES NEGOTIATIONS de Monsieur le Prince à la Cour iusques à present. , françaisRéférence RIM : M0_1725. Cote locale : B_6_41.
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Espinay pour y faire passer les Troupes du Roy ; quelques vns croyoient
que Monsieur le Prince pouuoit prẽdre le party de leur disputer
le passage, & qu’en tout cas son Armée auroit vne retraite plus
prompte & plus facile dans le Faux-bourg S. Germain que du costé
de S. Anthoine ; il hazarda neant moins à la veuë de l’Armée ennemie
de vouloir gagner le poste de Charẽton. Ie passe en cét endroit
les soupçons de ceux qui voyans vne démarche si extraordinaire,
creurent que Monsieur le Prince auoit entrepris cette action de cõcert
auec la Cour, estant impossible que l’Armée opposée ne luy
tombast sur les bras dans sa marche : ce que fit le lendemain Monsieur
le Prince à la veuë de tout Paris, fit bien cõnoistre qu’il n’auoit
pas le dessein de sacrifier entierement ses Troupes dans l’estat incertain
où estoient ses affaires ; mais ce qu’il a fait depuis doit assez nous
conuaincre, qu’il ne considera l’action du Faux-bourg S. Antoine,
& ne se preualut du passage des Troupes dans Paris que pour se rendre
plus considerable à la Cour, & pour y haster par là l’execution
des auantages qui luy estoient promis.

 

Monsieur de Boüillon qui veilloit tousiours soigneusement aux
interests de Monsieur le Prince, prit aussi cette occasion pour remonstrer
au Cardinal de quelle importance il luy estoit d’acheuer
ses affaires auec Monsieur le Prince, sans attendre mesmes la signature
de Monsieur d’Orleans pour son retour, il l’asseure que Monsieur
le Prince est autant disposé de sa part, qu’il estoit auparauant
ce qui s’estoit passé à la porte S. Anthoine ; il luy descouure que
Gaucourt est caché chez luy pour attendre ses responses, & les porter
à Monsieur le Prince : mais le Cardinal nonobstant tout ce qu’on
luy pust dire, ne put abandonner ses premieres resolutions, & il demeura
ferme dans celle qu’il auoit pris de ne rien acheuer sans
quelques asseurances de la part de son Altesse Royale.

Vne des raisons pour lesquelles le Cardinal Mazarin en vsa de la
sorte, estoit l’esperance que certains petits esprits emportez & peu
connoissans le fonds des affaires luy donnoient de iour à autre d’vne
reuolution dans la Ville qui luy pourroit estre fauorable. Monsieur
de Boüillon reconnut incontinent dans les frequentes conuersatiõs
qu’il auoit auec le Cardinal, le sujet qui l’empeschoit de s’abandonner
entierement aux volontez de Monsieur le Prince, duquel il
le fit aussi-tost aduertir, & luy conseilla de se rendre si absolument
maistre de Paris, que le Cardinal ne peust à l’auenir conseruer aucune
pensée d’y reuenir, & de mettre à bout ses desseins que par
son credit & son adueu.



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