Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?]; Joly, Guy [?] [1652], SECONDE PARTIES DES INTRIGVES DE LA PAIX, ET DES NEGOTIATIONS de Monsieur le Prince à la Cour iusques à present. , françaisRéférence RIM : M0_1725. Cote locale : C_12_4.
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Voila ce qui a fait prendre à Monsieur le Prince les resolutions
dont nous auons veu peu apres les effects si funestes, dans
l’incendie de l’Hostel de Ville & dans l’egorgement de nos pluillustres
Citoyens, dont la mort qui doit estre pleurée à tous
les siecles, ne se trouue pourtant iusques à present vangée que
par la munition d’vn malheureux domestique de Monsieur le
Prince, quoy qu’il ait confessé à la potence qu’ils estoient plus
de trente tous conjurez & de la mesme maison.

Apres cét assassinat, Monsieur le Prince paroissant à la Cour
maistre de la liberté publique, il en tira aupres du Cardinal tous
les succez que luy & Monsieur de Boüillon s’en estoit imaginez,
les Traitez recommencerent auec autant de chaleur que iamais,
& par ce que Monsieur le Prince auoit interest de les rendre vn
peu plus secrets, quoy que le fonds de l’intelligence fut tousiours
la mesme, l’on substituë en la place de ceux dont les noms estoient
trop connus le Marquis de Mortmar, qui fut alors declaré Plenipotentiaire
de Monsieur le Prince.

Le Cardinal promet desormais d’estre plus facile, par ce
qu’il croyoit Monsieur le Prince maistre absolu de toutes choses,
il auoit veu succeder au feu de l’Hostel de Ville les pilleries
épouuantables des Troupes de Monsieur le Prince dans
les portes de Paris, il auoit veu les moissons abatuës, les
villages desertez, & il ne croyoit pas que tous ces desordres
pussent estre soufferts par vne Ville aussi puissante que Paris,
sans qu’elle fust dans la derniere dependance de Monsieur le
Prince s’il iuge par cette raison que sa conseruation est entierement
en ses mains, il rappelle les idées de leurs premier
Traité, & ne pense plus desormais que la signature de Monsieur
le Duc d’Orleans luy soit d’aucune consequence pour
son retour : la seule difficulté qui reste est sur le temps de l’execution
des conditions particulieres qui auoient esté accordées,
pour lesquelles Monsieur le prince ne veut aucune remise,
par ce qu’il se croit tout puissant, & sur lesquelles le
Cardinal ne peut si promptement se resoudre, par ce qu’il a
tousiours des soupçons tres-violens du peu de fidelité de Monsieur
le Prince, croyant asseurer beaucoup mieux son retour
en differant iusques à ce temps-là l’execution des auantages
promis, qu’il sçait estre le sensible de Monsieur le Prince, qu’en
se confient entierement à ses paroles.



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