C. Q. A. P. L. C. M. D. L. V. D. P. A. M. D. N. 1650 [signé] = Dubosc-Montandré, Claude [?] [1652], LA PIERRE DE TOVCHE AVX MAZARINS. , français, latinRéférence RIM : M0_2765. Cote locale : C_12_41.
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estrangere, en droit de nous faire le mesme reproche, en nous laissans
consommer dans la misere qu’ils nous auoient donné moyen d’esuiter ;
suiuons l’exemple des Princes, lisons les arrests des Parlemens, imitons
S. A. R. executons les declarations du Roy, & mettons promptement
la main à l’œuure ; les peuples peuuent executer dans cette
rencontre sans peril ce que le Parlement ny les Princes en leur particulier
ne peuuent faire sans iuste sujet de crainte, parce que quand le
peuple saccagera la maison du Mareschal d’Hoquincourt, quand il
tresnera par les ruës vn Abbé d’Eusonat, & quand il exercera toute
sorte de cruauté sur les Mazarinistes, il n’a point tant à craindre que si
M. le Duc d’Orleans, ou le Parlement en auoit fait pendre vn seul ;
parce que la repressaille seroit dangereuse. Mais quand on sçait que
c’est vne sedition populaire on adiouste d’abord, il ny a point de remede
il faut prendre patience & tascher de ne point s’attirer leur haine, car
apres tant de tyrannie ils ont raison de chercher leur soulagement par la
perte de ceux qui font subsister le tyran.

 

Hauriat hinc populus de tali sanguine vitam.

IE ne doute point que ceux qui se sentent suspects ne considerent
auec desplaisir l’approche de cette pierre de tousche ; & ne doute
point qu’ils ne condamnent en leur particulier son pouuoir, maiaussi
ie suis bien certain que si l’aduis qu’elle descouure au peuple leur est
fatal, qui est bien plus salutaire pour le general, qui ne peut leur estre
prejudiciable ; par ce que n’y ayant plus de Mazarins, il n’y aura plus
de tyrans ; & tant que nous souffrirons cette faction de monopole nous
sommes asseurez que nos miseres continuëront, que nos diuisions seront
tousiours grandes, & que la guerre s’eternisera en les laissant subsister,
car s’ils ne la fomentent ils seruiront de pretexte à l’entretenir.
C’est pourquoy sur cette verité connüe de tout le monde nous pouuons
establir vn solide fondement pour nostre conseruation, que
estans ennemis capitaux des Mazarins, il est absolument necessaire de
nous en deffaire, pour ne point demeurer dans vne eternelle meffiance
& eux de leur costé en faisant de mesme, nous serions en danger d’estre
preuenus, estant donc de la prudence d’vn homme sage de craindre
tousiours son ennemy quoy que foible, inimicum quamuis humilem
docti est metuere, nous deuons par vn bon coup nous mettre en
suitte par ce que fiducia nimia nocet.



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