Bourbon-Condé, Anne-Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650], MANIFESTE DE MADAME LA DVCHESSE DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2363. Cote locale : A_9_18.
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d’employer, pour remedier à nos miseres le seul
secours des loix, & de la bonté de leurs Majestez.
Mais ny la deputation du Parlement de Roüen, à
qui mes bonnes intentions estoient connuës, ny
les protestations reïterées d’obeïssance que i’envoyay
faire à la Reyne, ny le calme que ie maintins
dans la Normandie, ny la soumission de la Noblesse
dont j’arrestay les ressentimens, ny tant de
places que j’ay sacrifiay sans les deffendre à l’ambition
du Cardinal Mazarin, ne l’ayant pû empescher
de faire marcher une armée dans cette Province,
& d’y exposer le Roy au milieu de la peste,
afin de nous en oster le gouvernement. Et mon
innocence, ny mon sexe, ny mon rang, n’ayant
pû me garantir, chez moy dans la solitude d’vne
maison de Campagne où je m’estois retirée. La
passion déreglée que ce Ministre apportoit à consommer
sa vengeance par nostre entiere ruine, le
poussant aveuglément à me perdre ou à me bannir ;
ie fus contrainte de quitter la France, & m’estant
embarquée de nuict en une rade difficile,
pendant l’hyver par un mauvais temps, & avec un
peril extreme, je vins chez les Aliez de la Couronne
chercher la tranquillité dont les crimes d’un
estranger m’empeschoient de jouïr en mon païs.
Ainsi donc apres avoir esté battuë d’une furieuse
tempeste, i’arrivay en Holãde ; mais la persecution
de Mazarin m’y suivit. La fureur & les caballes
de ses Emissaires ne pûrent pas seulement souffrir


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