Bourbon-Condé, Anne-Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650], MANIFESTE DE MADAME LA DVCHESSE DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2363. Cote locale : A_9_18.
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interests de leur fortune soustiennent l’attentat du
Cardinal Mazarin. Que l’argent & les biens qu’il falloit
reserver pour la deffence, ou pour le restablissement
du Royaume, sont prodiguez, & ne servent
qu’à étancher l’avarice des gens dont ce Ministre
achepte & paye la fidelité & le service aux despens
des peuples. Que la partie la moins saine d’une maison
estrangere, dont la puissance autant de fois qu’elle
a esté élevée, a osé jetter les yeux sur la Couronne,
& l’ébranler par la revolte & la guerre empiette
de nouveau une authorité perilleuse. Que cette inquisition
d’estat qui ne laisse ni de biens ni d’authorité
à personne, & contre laquelle on a desia eu recours
aux armes, reprend de fortes racines, que le
Clergé est mesprisé, la Noblesse persecutée, les Officiers
miserables, les peuples ruinez, les gens de bien
dans le danger & dans la crainte. Que le Cardinal
Mazarin se declare ennemy juré de la Paix, n’ayant
emprisonné les Princes qui le vouloient contraindre
à la faire, & ne commettant tant de nouveaux
crimes, que pour en empescher la conclusion.
Qu’ainsi il n’y a à esperer ni de salut pour l’Estat, ni
de remede à nos infortunes, si les choses demeurent
plus long-temps dans un tel desordre. Ces considerations
jointes aux remonstrances que plusieurs personnes
de condition m’ont enuoyées, que la bonté
de la Reyne estant plus aueuglée que iamais des artifices
de son Ministre, & la facilité de Monsieur le
Duc d'Orleans, s’abandonnant à la conduitte de ses


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