Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [signé] [faux] [1649], LETTRE DE MADEMOISELLE D'ORLEANS ESTANT A POISSY, enuoyée à la Reine à saint Germain, pour le bien du Peuple. , françaisRéférence RIM : M0_1959. Cote locale : A_5_61.
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le peuple : Il a fait faire son frere Cardinal, aux depens
de qui ? aux despens de ceux que ie viens de dire.
Il a gaigné les bõnes graces de la Seigneure Olympia,
aux despens de qui ? aux mesmes despens que ie viens
de dire. Il a fait venir tant de Perles & de pierres precieuses
des Indes, aux despens de qui ? aux mesmes
despens : Il a entretenu des espions par tout aux mesmes
despens. Mais ce qui me creue le cœur & me resiouyt
en mesme temps, c’est de voir que par ses meschancetez
& par ses magies, il a fait que V. M. le
souffre au gouuernement de l’Estat, que le Duc
d’Orleans Monseigneur & mon Pere, M. le Prince de
Condé, & toute la Cour le regardent comme dependans
en quelque façon de luy ; & que moy presque
toute seule ie cognoisse ses ruses, & n’ay iamais peu
estre surprise de ses magies.

 

Dieu l’a voulu ainsi, Madame, pour me reseruer à
vous faire cognoistre le tort qu’il fait au Roy, à vous
& à toute la France : & par son ordre, ie vous declare
auiourd’huy, que vous ne deuez plus souffrir cét insolent
aupres du Roy, ny aupres de vous, mais que
vous deuez le liurer au peuple, pour se vanger du
tort qu’il luy a fait, ou comme vous ne fustes iamais
cruelle, mais tousiours bonne & vertueuse, faites qu’il
se retire & n’infecte plus la Cour par ses meschancetez,
ie vous parle en fille, mais non en fille indiscrette,
puisque mon dire est appuyé de la Iustice du Ciel, &



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