Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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auancé dans l’esprit de cét Italien la resolution de persecuter ce Prince :
Et qu’ainsi il est bien raisonnable que ceux pour lesquels il-souffre,
employent tous leurs efforts afin de luy rendre la liberté que leurs affaires
luy ont fait perdre, s’ils ne veulent qu’on les accuse d’ingratitude, qui est
vn deffaut dont on n’a iamais soubçonné vn Parlement si genereux, ny vn
si bon peuple.

 

Il auroit esté à propos d’expliquer encore en ce lieu l’affaire de Bourdeaux,
si ie ne me reseruois à y respondre plainement, lors que ie viendray
à l’accusation ouuerte & declarée que le Cardinal Mazarin fonde sur ce sujet.
Ie diray seulement par aduance, qu’il ne proposa de deffendre le bon
droit d’vne ville si celebre, d’vne si illustre Compagnie (ce que l’Escriuain
appelle se cantonner, afin de rendre cette affaire plus odieuse par vn mot
qu’il l’est) que lors que le Cardinal Mazarin se voulut porter à l’infraction
des Declarations que la Reyne auoit données à ce Parlement pour sa
seureté, & pour le repos vniuersel de la Guyenne.

Ie remarque cependant, & vous l’aurez sans doute aussi bien reconnu
que moy, que les fautes les plus essentielles qu’on impute à Monsieur le
Prince, sont d’auoir maintenu les Declarations, d’auoir empesché le Cardinal
Mazarin de les violer, & de l’auoir obligé à tenir parole en des choses
vtiles au public. Vous venez d’en voir deux preuues manifestes, en
voicy vne troisiesme : Car ie m’asseure que vous ne trouuerez point mauuais
que ie continuë à vous expliquer le détail de tant d’impostures, que
la calomnie du Cardinal Mazarin qui les veut rendre méconnoissables,
enuelope sous des termes generaux, affectez & malicieux. Premierement
vous vous confirmerez dans la mauuaise opinion du peu de sincerité de
nostre ennemy : vous reconnoistrez que pensant accuser Monsieur mon
frere il fait son Apologie ; & qu’au lieu de le conuaincre d’estre le destructeur
de l’Estat il establit la croyance que l’on doit auoir, qu’il n’est prisonnier
que pour auoir deffendu les droits publics, resisté aux infidelitez
de cét Estranger, & maintenu l’honneur de la parole Royale lors qu’il l’a
voulu violer. Ie n’insisteray pourtant pas sur l’exemple que ie veux ajoûter
aux precedans, comme ie regarde le Gouuernement du Pont de l’Arche,
& que cette affaire qui touche Monsieur mon mary m’est commune
auec luy, ie me contenteray d’y respondre en passant. A la Conference de
Ruel chacun cherchant ses seuretez contre le Cardinal Mazarin, & principalement
Messieurs les Generaux du party & les Compagnies souueraines
des Prouinces (car pour vous, MESSIEVRS, vostre authorité & la
puissance de la ville de Paris vous maintenoient d’elles-mesmes) les Compagnies,
les Corps & les habitans de la ville de Roüen, qui ayant esté pressez
par la garnison du Pont de l’Arche, apprehendoient qu’vne autrefois
le Cardinal Mazarin ne voulust s’en seruir à faciliter sa vengeance, souhaiterent
que cette place vint entre les mains de Monsieur mon mary : On



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