Anonyme [1649 [?]], SVITTE DV SILENCE AV BOVT DV DOIGT. , françaisRéférence RIM : M0_3674. Cote locale : A_7_42.
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Cét Idole nous apprend nostre deuoir, & si nous
nous eschappons à dire quelque chose des actions de
nos Princes, ou d’autees personnes d’eminente condition,
il faut que ce soit auec tant de retenuë, de discretion,
de modestie quelles ne s’en puissent pas fascher.
Mais le plus expedient en ce rencontre, est de dire touiours,
pais.

Il est constant que les premieres amours de la Reyne
s’addresserent à feu Monsieu de Montmorency, qu’elle
l’affectionnoit si fort, que les grandes familiaritez,
qu’ils auoient ensemble, estoient mesmes suspectes à
ses filles, & connuës de toute la Cour, puis qu’ils ne
pouuoient s’empescher de se faire des caresses à la veuë
de tout le monde, & qu’ils auoient bien de la peine d’étre
sages & amoureux tout ensemble. Mais ce qui gasta
le mistere, c’est qu’vne fois le Roy entrant doucement,
& sans que personne le sceut dans sa Chambre,
la trouua assise dans vn fautueil, & Monsieur de Montmorency
à genoux deuant elle qui luy tenoit les mains
& luy témoignoit sa passion extreme : ce qui le mit telment
encolere que dés lors il iura en luy mesme la perte
de ce seigneur, & en effect, cette action qui auoit
blessé l’esprit du Roy, fut cause particulierement de la
mort de Monsieur de Montmorency. Mais ne disons
mot de tout cela, pais.

Peut estre ne scait on pas que le Cardinal de Richelieu
n’ay moit pas moins Madame de Montbason, que
Madame de Combalet : qu’elles estoient ialouses l’vne
de l’autre enragement, & que dans ce temps elles
ioüoient à qui se debusqueroit de la pensée & des sentimens



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