Mercier, V. [signé] [1649], PANEGYRIQVE ROYAL DE LOVYS QVATORZE. Vnius anni erat Saül cum regnare cœpisset. Regum cap. I. , françaisRéférence RIM : M0_2668. Cote locale : C_6_47.
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de sorte que ce n’est plus luy qui opere, mais
Dieu par luy, qui fait toutes ces merueilles ; bien loing
donc d’apprehender le gouuernement d’vn ieune Prince
il est à souhaitter, & l’experience aussi bien que les
Histoires nous font assez connoistre que beaucoup de
Rois, à qui l’âge & les passions donnoient de la resolution
pour executer leurs desseins, ont causé plus de malheurs
au monde dans vn temps où ils deuoient auoir
plus de moderation, & de retenuë, que pendant leur
minorité & leur enfance. Souuent les Rois, qui ont
beaucoup d’années sur la teste, & qui ont acquis vne
grande connoissance au maniement des affaires, ne
conduisent leur Estat que par les maximes de la prudence
humaine, & le Conseil n’ose pas contredire vn Prince,
qui s’est acquis de l’authorité & du credit, & comme
leur connoissance, & leurs lumieres ne sont pas infaillibles,
il arriue souuent qu’ils menent vn Royaume
dans les precipices qu’ils vouloient placer dans le firmament.
C’est, GRAND PRINCE, ce qui n’arriue pas
& que nous ne pouuons craindre en vne ieunesse exempte
de ces agitations, incapable de ces pensées, & sans
connoissance de ces maximes. D’ailleurs si Dieu est le
Protecteur de l’innocence, ne doutons point qu’il ne
soit luy mesme le Cõducteur de vostre Maiesté, le principe
de tous vos desseins, l’ame de vos actions, le flambeau
de vos puissances, la force de vostre bras ; l’appuy
de vostre Sceptre, l’ornement de vostre Courõne, le defense
de vostre Estat. Et cõme autrefois Alexandre ne
pouuoit rien faire qui fut indigne de sa personne en presẽce
de Crates, ou de Mecœnas, deux sages Philosophes ;


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