Anonyme [1650], RESPONSE DE MESSIEVRS LES PRINCES AVX CALOMNIES & impostures du Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3399. Cote locale : D_1_30.
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à l’aymer, & que s’il eust pris peine de les cultiuer par
des soins affectez & par vn engagement à leurs interests,
il pouuoit passer pour le Heraut des Parisiens,
les interesser dans sa fortune, faire retentir son nom,
crier des viue Condé, dans les places publiques, au
milieu des ruës parmy les allegresses, les festins & les
resioüyssances. Il luy suffit que les honnestes gens
prennent ces accusations pour des calomnies, il ne se
répend point de sa conduite, & ne croit pas que ces
soins, ces adresses de gagner le peuple soient legitime
dans vne Monarchie, quoy que necessaires peut-estre,
à ceux qui s’en sont seruis pour se maintenir contre la
violence du Mazarin : & quoy qu’apparemment ils puissent
iuger par sa Politique & par l’exemple de ce qui
s’est passé, que deux ans de cabale & de faction l’eussent
mis à couuert de ses entreprises, & luy eussent procuré
la faueur & l’estime de la Reyne, il ne voudroit pas
l’auoir acquis par ces moyens, ny auoir don au public
cet exemple, qui peut auoir des suites fascheuses que
la posterité n’approuuera pas, & qui fera paroistre
l’imprudence & le déreglement d’esprit du Ministre
qui gouuerne.

 

Mais pour faire connoistre que ses soupçons sont
sans fondement, c’est que ses accusations se destruisent
d’elles-mesmes. En vn endroit le Cardinal Mazarin
veut faire le procez à Monsieur le Prince pour auoir
pris soin dis-je, de gagner grand nombre de creatures,
en vn autre il dit qu’il suffoquoit la liberté des
Conseils par vne maxime d’agir impetueuse enuers
les Ministres qui ont l’honneur d’y assister, qu’il auoit
menacé de faire roüer de coups de baston dans Paris,
les Deputez du Parlement de Prouence, qu’encore
que tout ce que la Bourgogne fournissoit auec beaucoup
de ponctualité, fust entierement absorbé par luy



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