Anonyme [1652], LE DVEL DE MONSIEVR LE DVC DE BEAVFORT IVSTIFIÉ PAR L’INNOCENCE DE SES mœurs, par le succez de ses armes, & par sa fidelité incorruptible enuers les Bourgeois de Paris. AVEC LE PARALELLE DE SES actions, & de celles du Coadjuteur, pour seruir de preuue à ses trois raisonnemens. , français, latinRéférence RIM : M0_1176. Cote locale : B_14_16.
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mettre l’espée à la main en sa presence. Enfin la
iustice, la conduite & le iugement n’abandonne
point M. le Duc de Beaufort ; quoy qu’offencé il
obeït aux ordres de Mademoiselle, il oublie
vne injure qu’il excuse en genereux, & tesmoigne
au Duc de Nemours, qu’il est aussi prompt
à pardonner comme il l’a esté à l’offencer : Verecundiam
peccantis, facit ip sa clementia regentis.

 

Si le combat du faux bourg S. Antoine qui s’est
fait à nos yeux, n’augmentoit la gloire de M. le
Duc de Beaufort, ces ennemis voudroient encore
s’en preualoir à son desauantage. Mais tout
Paris, a admiré en cette iournée la force de son
bras & la vigilance de son esprit : en terrassant
nos ennemis, il veilloit au salut de ceux qui combattoient
auec luy ; il assistoit les plus foibles de
son courage, & fortifioit les autres par son exẽple ;
il executoit les ordres de M. le Prince auec
exactitude, & se faisoit admirer des autres auec
iustice : Enfin dans la guerre c’est vn lyon qui
veille & vn bras qui agit ; & dans la paix c’est
vn lyon qui dort & vn bras qui se repose.

C’est icy ou il faut pleurer le succez de ses armes ;
c’est icy ou il est difficile de paroistre victorieux
auec ioye ; c’est icy ou ses ennemis triõphe
de son auantage ? c’est icy ou vne sœur deuoit
perdre son frere par la main de son mary ;
& c’est icy ou vne femme a perdu son mary
par la main de son frere. Quels destins ont
donné la victoire à l’vn & la mort à l’autre ?
quelles fatalitez ont accordé tout à l’vn, & desnié
tout à l’autre ? helas ! ce ne sont ny les destins,



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