Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.
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quand i’ay publié que Monsieur le Cardinal de Saincte Cecile
auoit fait merueilles en Catalogne, & que les Catelans auoient
failly à mourir de deüil à son depart. Mais pour ne parler que de
ce qui vous touche pour le present, apres auoir osté aux Parisiens
toute esperance de secours de la part des estrangers : ie leur ay fait
voir qu’ils auoient encore moins de sujet d’en esperer ny d’en attendre
des autres Parlements, ny des autres Provinces de la France.
Car dans la derniere piece que i’ay fait imprimer, & pour laquelle
mon Commis aux gazettes est en prison, i’ay dit, que le Parlement
de Dijon auoit fait punir comme seditieux celuy qui auoit
publié l’Arrest donné à Paris contre vous, & que toutes les compagnies
de Bourgongne auoient enuoyé à Saint Germain protester
de leur obeïssance par leurs deputez. Que le Parlement de D’auphiné
auoit fait dire au Roy qu’il detestoit la conduite de celuy
de Paris, & qu’il mourroit pour son seruice. Que celuy de Bourdeaux
auoit resolu d’enuoyer cachetée à la Reyne, la lettre de celuy
de Paris, si elle luy eust esté presentée. Que l’Arrest publié sous
le nom de celuy de Bretagne estoit faux, qu’au contraire il auoit
enuoyé asseurer de son obeïssance. Que ceux d’Aix & de Toulouse
auoient fait de mesme, auec promesse de conseruer leurs Provinces
sans aucun mouuement ny tumulte. Que pour Roüen ce n’estoit
qu’vne petite bluette qui seroit esteinte au moindre souffle du
Comte de Harcour, lequel auec vne puissante armée portoit de la
terreur par tout, sans que M. de Longueville osast parestre en campagne :
En fin que le Roy auoit tant de troupes de reste, qu’il en
auoit congedié vne grande partie, comme non necessaires pour faire
demander dans six mois à ceux qui passeroient, où estoit cy-deuant
la ville de Paris. Apres cela, que reste-t’il à dire.

 

Le Card Rien du tout, si tu ne veux mieux rencontrer, & cela
mesme il ne le falloit pas dire. Tu te persuades qu’il est de Paris,
comme de Sainct Germain, où l’on ne sçait que les nouuelles que
nous voulons, & en la maniere, vrayes ou fausses que nous voulons.
Tu penses que les Parisiens sont comme le Roy ou la Reyne, ausquels
personne ne parle, que nous ne leur ayons auparauant fait le
bec, ainsi que nous leur faisions dire par Bautru auec des postures
de Pantalon 8 iours apres la sortie de Paris que chaque morceau de
pain y valoit demy pistole, c’est bien ce qui te trompe : Car encore
que nous ayons defendu les postes, intercepté les lettres, & ferme
tous les passages. Cela n’a pas empesché que par la voye mesme de
S. Germain les Provinces & les Parlemens n’ayent eu nouuelles



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