dans les choses de fait ce qui est veritable
d’auec ce qui est faux, & supposé comme nous
deuons croire, qu’ils sont éclairez de Dieu dans
celles de la Iustice, pour faire difference de ce
qui est iuste, d’auec ce qui n’est pas ; ie n’aurois
garde, SIRE, d’examiner le choix qu’a fait
Vostre Maiesté de son premier President, pour
luy mettre en depost les marques de son Authorité
plus souueraine, mais l’experience
nous faisant voir que les plus grands Princes
estant hommes, sont souuent trompez parlerreur
ou la malice de leurs semblables qui leur
desguisent la verité & se la cachent à eux mesmes :
I’ay estimé, SIRE, que Vostre Majesté
au lieu de condamner mon action de hardiesse
& de temerité receuroit pour vn tesmoignage
de mon zele & de ma fidelité à son seruice, la liberté
respectueuse dont i’ose vser enuers elle
en luy faisant entendre ce qui est des mœurs &
conditions de son premier President, & ce qu’elle
pourra apprendre encore de la voix publicque,
si elle prend la peine de sen enquerir.

Mathieu Mollé, SIRE, a trois qualitez remarquables
sel on lesquelles il peut estre consideré
de V. Majesté. Il est Pere, il est premier Presidẽt,
& en qualité de Garde des Sceaux de France,
il est Ministre d’Estat & a sceance & suffrage
dans vos Conseils. La premiere qualité il l’a de