S. D. L. [signé] [1649], SVITTE ET SECONDE LETTRE DV BON PAVVRE. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M2_195. Cote locale : A_5_45.
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Religion Chrestienne que par l’exercice d’vne parfaite
patience ; moy-mesme en cette violence, ie pouuois
bien craindre, si i’eusse esté sans confiance.

 

Oster le pain au lieu de le donner aux Freres & aux
Enfans de Iesus Christ, qui sont tous les Chrestiens,
mais principalement les pauures, desquels il a recommandé
la nourriture plus estroitement que toute autre
chose, ô MADAME, qui le croiroit.

Mais l’on espere que vostre Majesté viendra bien-tost
receuoir icy le prix de sa Confession, en y apportant
elle mesme vne Reconciliation parfaite, & vne
Paix à tout le Monde. Et c’est le subiet de toutes les
prieres que ie fais à cette heure, aussi bien que celuy
de cette Lettre.

Ie ne suis presque pas du monde & moins encor de
la Cour, d’où mon aage & mon inclination m’esloignent
esgalement.

Il y a beaucoup plus de choses à fuïr sur la terre
qu’il ne s’y en trouue à desirer ; la possession de la pluspart
est fausse, caduque & incertaine ; car elles passent
de iour en iour & de main en main, & s’en retournent
bien plus viste qu’elles ne sont venuës : nous y
passons nous mesmes tres-viste, sans qu’il nous demeure
autre chose que le bien & le mal que nous
auons fait.

Toutesfois, MADAME, l’on peut aller à Dieu
auec des richesses sans nombre lors que la continence,
la misericorde, la patience, la charité & la foy, ont
esté les fidelles Gardiennes de nostre vie. Car elles deuiennent
à nostre mort les mains sacrées qui nous



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