Anonyme [1652], LA CONFERENCE DE LA REYNE ET DV MARESCHAL DE TVRENNE, Sur le mauuais succez de leur Armée. , françaisRéférence RIM : M0_737. Cote locale : B_4_5.
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& ne me déguisez point la verité : car il est besoin
que ie sçache tout.

 

Le Mareschal de Turenne.

Alors le Mareschal de Turenne tirant vn
grand souspir de sa poitrine : Ie ne serois dit-il
(Madame) qu’auec vn grand regret dire à vostre
Majesté que ses affaires vont tres-mal, &
que bien que vostre Armée soit tres-forte, &
composée de plusieurs milles hommes, si est-ce
pourtant qu’elle ne faict pas le progrez que
i’esperois, nonobstant tous les soins & vigilances
que i’y apporte iour & nuict, & que i’y
employe toutes les addresses, ruses, & stratagemes
qui se peuuent rencõtrer dans la guerre,
comme vous sçauez, Madame, que ie n’en
suis pas apprentif : Mais ie vous diray que
Monsieur le Prince, qui est tout à faict stillé en
l’Art Militaire, me donne vne rude chasse, &
a n’agueres bien estrillé mes gens, & aduance
tous les iours de plus en plus à ma poursuitte,
quoy que ie tienne tousiours bon contre luy.

LA REINE.

Hé ! que me dites-vous, Turenne ? Voicy
de piteuses nouuelles : I’attendois que vous
m’anonceriez quelque aduantage emporté
sur mes endemis : mais tant s’en faut, au contraire,
vous dites que vous auez esté battu ?
cela me fasche beaucoup : car ie me repose du



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