Rozard, Ch. [1649], PREMIERE PARTIE DES VERITEZ FRANÇOISES ET POLITIQVES. Contenant toutes les affaires les plus remarquables de ce temps. Dediées à Monseigneur le Prince de Conty. Par le Sieur R. Ch. , français, latinRéférence RIM : M0_2854. Cote locale : A_7_65.
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Tyran, qui par vn venin Thessalien, a infecté non seulement
vostre chere patrie, mais encore toute la France, de
laquelle vous estes declaré le Defenseur. Simonide le Philosophe,
estima le souuerain bien en l’homme, qui est bien
voulu d’vn chacun, disant que l’on doit enuoyer les personnes
mal conditionnées aux montagnes habiter entre les
bestes brutes : car il n’y a plus grande felicité à l’homme,
que de se voit aimé de toute la Republique. D’où i’infere,
MONSEIGNEVR, que vous estes si souuerainement aimable,
que vos loüãges sont en la bouche de tous les hommes.
Aussi vous vous estes rendu flexible à leur voix, & exorable
à leurs clameurs. Vostre Altesse s’est laissée conduire
par l’esprit de Dieu, pendant que d’autres se sont laissez
emporter à vn esprit d’vn mauuais & tempestueux Politique,
qui par de mauuaises maximes, s’est rendu odieux à
toute la Nature. C’est vne verité Orthodoxe, que le bienfait
doit estre remuneré, & le vice doit estre puny : Les
Loix ne sont establies pour autre fin : L’arbre qui porte
mauuais fruict, le faut couper par la racine, & le figuier
pour son aigreur fut maudit. Le Medecin qui connoist la
maladie, ne doit pas se contenter de la guerir, mais encore
doit apporter des preseruatifs, & il vaut mieux couper le
membre, que d’attendre que la gangrene s’en empare. Il
ne faut pas chercher dans la mort, la vie, dans la prison, la liberté,
ny dans le traistre, la loyauté. Vous auez vn esprit
trop subtil, MONSEIGNEVR, pour ne pas reconnoistre
ces veritez, qui sont adaptez à Mazarin, qui est plus puant
qu’vn vlcere, plus contagieux qu’vn membre pourry plus
amer que le figuier, plus perside que Iudas, plus inhumain
que Neron, qui a ruiné toute la terre, & qui a butiné iusques
en la grotte des Hermites, qui a prophané les Temples,
violé les Vierges, & fait des sacrileges & des énormitez,
qui ne peuuent estre pleurez qu’auec larmes de sang.
C’est à vostre Altesse, MONSEIGNEVR, de guerir cette
pauure France malade, en detournant le mal qui la menace
de la fleche acerée de ce Tyran, qui veut navrer


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