Rouxel, Jacques (comte de Grancey) [signé] [faux] [1649], LETTRE DV COMTE DE GRANCEY, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDE. , françaisRéférence RIM : M0_2100. Cote locale : A_5_25.
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vous souffriés qu’on maltraictast leurs prisonniers
que vous ne deuiez pas en vser de la sorte, puisque
c’estoit vos compatriotes qu’on maltraictoit, & qui
n’estoient criminels que de trop d’affection & de
trop de zele au seruice du Roy. I’ay souuent esté
prest à vous le dire, mais la crainte que i’auois de passer
pour timide aupres de vostre Altesse, me fermoit
la bouche, & me faisoit voir à regret le supplice de
l’innocence. C’est la premiere chose qu’on m’a mise
deuant les yeux apres ma prise, d’auoir manqué de
foy à Brie, & d’auoir souffert qu’on mist tout nuds &
qu’on maltraicta ceux à qui i’auois donné ma parole,
toute la response que i’ay peu faire à ces reproches,
n’estoit autre chose sinon, que ie craignois que vostre
Altesse ne le trouueroit pas bon si i’vsois de quelque
douceur, & si ie gardois ma parole à des gens que
vous faite passer pour rebelles & pour desobeïssans.

 

Aussi reconnois-ie la punition de ma faute dans
ma prison, & ie vois bien que c’est vn iuste chastiment
de Dieu pour moy, & vn aduertissement pour
vous, si vous n’y prenez garde ; on nous a dit que vous
fustes des-ja l’autre iour aux termes d’estre pris au
retour du Bois de Vincenne, & ie vous asseure que si
ce malheur vous fut arriué, ie ne sçay ou si i’en aurois
esté aise, ou si i’en aurois esté marry, i’en aurois esté
aise, parce que vostre prise auroit terminé toutes les
querelles dont vous n’estes pas l’autheur ; mais que
vous fomentés & non seulement i’en aurois esté aise,



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