Rouxel, Jacques (comte de Grancey) [signé] [faux] [1649], LETTRE DV COMTE DE GRANCEY, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDE. , françaisRéférence RIM : M0_2100. Cote locale : A_5_25.
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les commandemens de vostre Altesse, apres auoir
assiegé & pris Brie presqu’au mesme temps, la fortune
m’a tellement abandonné au besoin, que comme
vous auez pû sçauoir, ie suis tombé entre les mains de
mes ennemis & des vostres.

 

Mais oseray-ie vous dire Monseigneur (aussi bien
dans l’estat où ie suis n’ay ie plus que la liberté de
parler) que ce ne sont point vos ennemis & qu’on
vous honore dans Paris autant qu’on ait iamais faict ;
& ie vois à present qu’ils n’ont tous qu’vn sensible
deplaisir de vous voir souhaitter leur perte, puisque
certainement vous y perdrés vos peines, & que vous
pourrez ternir la gloire de tant de belles actions que
vous auez faictes, si vous perseuerez dauantage. Ie
vous escris cecy la larme à l’œil, non pas tant du deplaisir
que i’ay de ma prison, mais pour la part que ie
prends dans vos interests, reconnoissant maintenant,
quoy que trop tard, l’affection & le courage de Messieurs
de Paris, qui n’ont autre intention que celle de
voir retourner le Roy dans leur ville, & de se deffendre
de l’oppression de Monsieur le Cardinal, que
vous protegés.

Voila certainement Monseigneur les iustes sentimens
des Parisiens, cependant vous prenez les armes
contr’eux, & vous exercés plus d’hostilité contr’eux,
que vous ne feriez contre vos propres ennemis.
I’auois souuent cette pensée quand ie voyois que



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