LA
DEPLORABLE
MORT DE CHARLES I,
ROY DE LA GRAND’BRETAGNE.
Qve peut-on desormais estimer de constant
au monde, puis qu’vn Monarque de trois
Royaumes, l’vn des meilleurs qu’ils eussent
jamais eu, des mieux instruit & plus
accommodant à leur Religion & à leurs
Loix politiques n’a pû éviter la mort, non
pas celle à laquelle nostre naissance nous
assujettit, & qui est inévitable à tous les
hommes, mais vne mort violente, que
son innocẽce & la conjuration de ses rebelles sujets ont empesché
de pouvoir estre apellée honteuse, bien qu’elle soit arrivée sur vn
eschaffaut, afin que leur injustice s’en fist voir de plus loin à toute
la terre ?
Or comme d’vn costé c’est à regret que je suis obligé de vous
faire ce fascheux récit, & qui encherit sur les plus grandes barbaries
de l’antiquité : Ainsi n’y auroit-il point d’aparence de vous
avoir si souvent & si amplement entretenus des affaires d’Angleterre,
& notamment de ce qui s’est passé au traité personnel d’entre
Charles I Roy de la Grand’Bretagne & les Estats généraux
d’Angleterre, qu’ils apellent là leur Parlement, & vous taire son
issuë du tout estrange, qui est la mort tragique de ce Roy : ce
qui seroit faire vne prévaricatiõ cõnuë de tout le monde, & comme
vouloir crever les yeux à l’Histoire, dont cette narration fait
vne partie la plus considérable, comme la plus extraordinaire en
ses circonstances qui se soit jamais veuë : qu’vn Prince de son extraction
auquel on ne pouvoit rien reprocher qui ne fust loüable
devant d’autres juges, ait esté fait mourir par forme de justice
du consantement de la pluspart de ses sujets.
Ce Prince ayant dõné par ses responses de bouche & par escrit
dans l’Isle de Vuight, où il demeura environ d’vn an prisonnier
de ces Estats généraux d’Angleterre, toutes les satisfactions