Renaudot, Théophraste [?] [1649], LA DEPLORABLE MORT DE CHARLES I, ROY DE LA GRAND’BRETAGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1005. Cote locale : A_1_23.
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de juger du dessein de ce reste d’Estats, qui n’en avoit que le
nom en leur langue, & l’effet en pas vne.

 

Les Escossois, avoyent auparavant envoyé leurs Députez
en l’Isle de Vvight pour traiter de la part de leurs Estats conjointement
avec ceux d’Angleterre, poursuivre l’exécution
du Convenant & tascher de faire restablir le Roy dans son throsne.
Mais apprenans ce changement d’affaires, ils en envoyérent
d’autres à Londres, lesquels y estans arrivez, & ayans trouvé
le mal encor plus grand qu’on ne leur avoit dit, & le parti des
Presbyteriens entiérement destruit, firent leurs plaintes par leur
Lettre du seiziéme Ianvier dernier à Guillaume Lenthal Orateur
de la Chambre basse, n’y en ayant plus d’autre sur pied
ni par conséquent à qui ils se pûssent addresser de la contravention
qui se faisoit au prémier traité.

Ils se plaignoyent hautement par cette Lettre en forme de Déclaration
des procédures du tout extraordinaires qu’on tenoit en
ce Royaume là contre leur religion, leur Roy & le gouvernement
de l’Estat, & protestoyent de nullité contre ceux qui entreprenoyent
de faire le procez à leurdit Roy : & pour ce qu’il
importe au public de sçavoir que la nation Escossoise n’a point
trempé en cette félonnie contre leur Souuerain : Elles portoyent
en substance que les Estats d’Escosse ayans entendu que ceux
d’Angleterre traitoyent de paix avec Sa Majesté Britanique,
avoyent donné charge à leurs Commissaires de faire des propositions
à Sadite Majesté vers le commancement du mois de Décembre
dernier, & traiter avec elle en particulier, comme aussi
avec lesdits Estats d’Angleterre, pour l’establissement du Convenant,
du gouvernement Presbyterien, de leur confession de
foy & d’vn Directoire ou Cathéchisme pour prévenir le changement
de leur religion, & parvenir à vne conformité de créance
selon leur Convenant.

Mais qu’à leur grand estonnement & de tous ceux qui sçavent
que les Estats généraux perdent leur nom & l’effet qu’ils doiuent
produire dans les esprits de tous les sujets, si tost qu’ils ne
sont plus libres : les gardes mis aux avenuës des Chambres, l’emprisõnement
des vns & la crainte des autres ostoyẽt la liberté d’y
opiner : d’où il ne se falloit pas ébahïr qu’on en soit venu jusques
à attenter, sous prétexte de leurs procédures, contre la vie de leur
Roy, afin de changer la forme du gouvernement & introduire
toute sorte de religions nouvelles, & ainsi rompre la Ligue
sous les conditions de laquelle les deux nations s’estoyent engagées,



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