Polichinelle [signée] [1649], LETTRE DE POLICHINELLE A IVLE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2045. Cote locale : C_3_94.
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offencer : car la verité ne doit offencer personne.
Que si vous vous en offensez, plaignez-vous de
vous-mesme, & ne vous en prenez point au braue
Polichinelle, qui parle auec tant de sincerité,
des choses passées, presentes, & aduenir. Il ne
faut pas non plus vous piquer, si ie ne vous
nomme pas, Monseigneur, au commencement de
cette Lettre, parce que ceux-là ne sont pas bien
venus à Paris qui vous prennent pour leur Seigneur,
& ie serois bien fasché d’auoir perdu la
grande reputation que i’ay acquise dans cette
grande ville, pour vouloir vous flatter d’vn vain
tiltre d’honneur qui ne vous appartient pas : sans
doute puis que tout le monde vous le refuse, il
faut auoüer que vous auez tousiours eu bien peu
de credit chez les Parisiens, & ie puis me vanter
sans vanité, que i’ay esté tousiours mieux venu
que vous du Peuple, & plus consideré de luy, puisque
ie luy ay tant de fois ouy dire de mes propres
oreilles : allons voir Polichinelle, & personne ne
luy a iamais ouy dire, allons voir Mazarin ; personne
ne vous a iamais fait la Cour, que ceux qui vous
flattẽt & vous abusent, & beaucoup me l’õt faite de
ceux que ie flattois & que i’abusois agreablement,
sans qu’ils s’en soient pû fascher contre moy : c’est
ce qui a fait qu’on m’a receu comme vn noble
Bourgeois dans Paris ; & vous au contraire, on
vous en a chassé comme vn peteux d’Eglise. Vous
me direz, peut-estre, qu’on voudroit bien maintenant


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