Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE : Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : E_1_61.
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pour y entendre l’Arrest de vostre condemnation, il
n’aquist par cette action genereuse la bienveillance du peuple
& ne s’y conseruast, pour peu qu’il apportast par apres de
moderation dans ses violences, tant vous estes en horreur.
Mais c’est vne qualité qu’il n’a pas, & qu’on ne sçauroit vous
oster, faites ce qu’il deuroit faire s’il estoit en vostre place,
& affermissez le cours de vostre vie, en liurant celle de vostre
ennemy. Ce coup d’adresse vaudra bien celuy dont il a
vsé en vostre endroit, lors qu’oublieux de vostre naissance,
vous vous procuriez par toutes sortes d’inuentions le chapeau
de Cardinal. C’est l’vnique moyen d’arrester le foudre
qui doit écraser vostre teste criminelle.

 

Si par le passé vous auez exposé à tous momens l’authorité
de Monsieur le Duc d’Orleans, à l’appetit de quelque
petite recompense dont on vous leuroit, & que comme le
plus grand ennemy de son honneur & de sa conscience, vous
luy auez fait commettre mille iniustices & laschetez, pour
quelque somme d’argent ou Abbaye qu’on vous donne de
temps en temps à cette fin ; vous pouuez bien maintenant
employer la mesme authorité, pour conseruer par vne bonne
action, ce que vous auez acquis par tant de mauuaises.

Vous iugez aussi bien que moy, que vostre fortune est
puissamment attaquée de deux costez, par Monsieur le Prince
& par le Peuple, & que si ces derniers iours il vous a encor
procuré vne Abbaye, ce n’est pas tant pour affection
qu’il vous porte, comme par dessein de se seruir de vous, iusqu
à ce que le timon qu’il pretend vsurper soit affermi entre
ses mains : à quoy il ne peut paruenir, que premierement
Monsieur le Duc d’Orleans ne commette mille foiblesses,
ne des honore le rang que son sang luy donne dans l’Estat, &
ne se détruise soy-mesme : Or il n’y a que vous seul capable
d’emporter cela sur son esprit. Mais qu’arriuera-il de vostre
infame negoce ? vne fin mal-heureuse pour vous. Lors que
Monsieur le Prince sera arriué au dessus de ses pretensions, il
vous traitera comme vn homme de vostre sorte, c’est à dire
en coquin, & comme vn autre Iudas, qui a vendu son Maistre
à beaux deniers comptans. Vous voudrez alors vous opposer
à l’authorité qui vous opprimera, mais il ne sera plus
temps, elle sera trop fortifiée, il vous faudra de necessité succomber,
& perdant la vie quitter les Abbayes que plusieurs



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