N. T. [signé] [1649], LETTRE A MESSIEVRS LE VVIDAME & Gouuerneur D’AMIENS, ET D’AVQVINCOVRT GOVVERNEVR DE PERONNE, POVR LA CONSERVATION DE leurs Gouuernemens. , françaisRéférence RIM : M0_1812. Cote locale : C_3_16.
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luy donne des ajustemens & l’accompagne de charmes,
si subtilement trompeurs & si artificiellement
surprenans, que les plus grands hommes de cet Estat
ne s’en peuuent defendre ; & que la pluspart de ceux
qui sur nos ennemis ont si souuent remporté la qualité
glorieuse de victorieux, en acquierent auiourd’huy
l’infame dénomination de vaincus Comme cet adroit
ingenieur de nos malheurs possede toute l’authorité
Souueraine, qu’il n’en reste hors de ces mains qu’vne
idée inutille & qu’vne ombre vaine & impuissante,
tout le monde l’adore à cause de se souuerain pouuoir ;
s’il s’en trouue quelques-vns que le grand cœur
excepte de cette adoration seruile & craintiue : ou
qui se trouuent dans des lieux iusqu’où ne puisse porter
sa puissance ; il a des persuasions si fortes, & reçoit
de l’authorité qu’il a vsurpée des secours si puissans &
& des charmes si ineuitables, qu’en fin, nous voyons
bien peu de ceux qui sortent du commun & passent
pour de grands hommes, qui ne pliant pas sous son
pouuoir ne sedent à ces ruses & à ces soûplesses. Il est
dangereux pour vous, Messieurs, aussi bien que pour
le reste des personnes de vostre sorte que ce torrent
impetueux ne vous entraisne, & qu’on ne vous voye,
enfin, ceder comme les autres à sa fureur. Ie dis qu’il
est dangereux, parce que ceux à qui cet accident arriue
ce peuuent nommer infortunez : N’est-ce pas vne
extrême malheur à vn homme de naissance d’obeïr à
vn homme de neant ? à vn genereux de ceder à vn lasche,


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