N. T. [signé] [1649], LETTRE A MESSIEVRS LE VVIDAME & Gouuerneur D’AMIENS, ET D’AVQVINCOVRT GOVVERNEVR DE PERONNE, POVR LA CONSERVATION DE leurs Gouuernemens. , françaisRéférence RIM : M0_1812. Cote locale : C_3_16.
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consent à luy liurer vos places, il y auroit vne
manifeste perfidie en vostre procedé ; & iamais vous
ne vous en laueriez dans la pensée des gens d’honneur.
Vn crime si noir & si fatal à toute la France vous declareroit
infames à la posterité, & vous vous verriez
comme beaucoup d’autres la cause des clameurs pitoyables,
& des larmes ameres de mille innocens persecutez,
& l’objet des imprecations & des maledictions
espouuentables d’vne infinité de malheureux
desesperez.

 

Quand il n’y auroit que cela, les gratifications Cardinales
seroient trop cher achetées ; & quand il vous
tiendroit ce qu’il vous auroit promis ; Ce qu’il vous
donneroit ne vaudroit pas la milliesme partie de l’amour
& de l’estime que vous auriez perduës.

Outre que la trahison ne demeure iamais sans estre
punie, du Ciel ou des hommes, & bien souuent de
tous les deux costez ; de telle sorte qu’ordinairement
le suplice est la recompence des traistres. Cette detestable
Romaine qui par auarice liura sa ville aux Sabins
receut mesmes par la iustice de ceux qu’elle auoit seruis,
dans se prix de sa trahison le chastiment du crime
qu’elle auoit commis. S’il vous estoit arriué, Messieurs,
de faire vne pareille faute, ie ne sçay si vous pourriez
éuiter vn pareil malheur. Les Italiens ne pardonnent
point, dit-on. Vous auez assez offencé iusqu’icy le Cardinal
par vos refus. S’il vous flatte & s’il vous carresse
à present vous auez droit de vous eu deffier. L’exemple



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