LETTRE D’AVIS D’VN
Marchand de Cologne à vn Bourgeois
de Paris, sur la marche du Cardinal
Mazarin.
De Cologne ce dernier Nouembre 1651.
L’Aduis que ie vous donnay il y a quelque
temps du changement qui se deuoit
faire dans le Conseil & dans les Finances,
reüssit auec tant de bon-heur pour moy,
que i’estime pouuoir en hazarder encore vn second
qui n’aura pas moins de verité, mais dont
les consequences sont beaucoup plus dangereuses :
quand le corps sera joint à l’esprit, il n’y a
rien que vous ne deuiez craindre, puisque le seul
Esprit regnant dans le cabinet, vous a jetté aux
bords de l’abysme, dont la cheute est inéuitable
par la durée d’vne guerre Ciuille, telle que celle
qui commance à s’allumer parmy vous, & qui
pour vous en dire le vray, menasse, vos voisins d’y
participer, si iamais l’on croid que nous ayons
contribué ou par la retraitte que nous semblons
donner à celuy qui en est l’Autheur, ou parce que
nous ne vous aurons point appris quelles sont les