N. [signé] [1652], ADVIS IMPORTANT D’VN ABBÉ AV CARDINAL MAZARIN, SVR LE SVIET DE SA SORTIE hors du Royaume de France. , françaisRéférence RIM : M0_516. Cote locale : B_12_45.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 11 --

sans apprehension des armes estrangeres, fortifiées de celuy
qui commande aujourd’huy les vostres ? Qui eschauffa
vostre cœur à cette entreprise, sinon ce Principe, que
vous seriez indigne du Ministere que vous exerciez en
France, si au besoin vous ne vous exposiez pour son salut ?

 

Il ne s’agit pas aujourd’huy, MONSEIGNEVR, d’vne
petite ville, comme est Rhetel, mais de Paris & de tout le
Royaume, il est dans le penchant & à vn doigt de sa ruїne ;
& ce qui vous doit estre tres-considerable, est qu’à
vostre suiet il est prest d’estre enseuely sous ses ruines ; Ne
courerez-vous pas au secours de ce Royaume ? Ne presterez-vous
pas la main à cét Estat chancelant ? N’apporterez-vous
pas le remede qui seul reste pour la guerison de
cét agonisant ? Ce remede consiste en vostre retraitte, il
ne faut point exposer vostre vie, il ne faut point voler à la
teste d’vne Armée.

Que de gloire, MONSEIGNEVR, en vostre disgrace !
que de bon-heur en vostre mal-heur, si vous sçauez bien
le ménager, puis que vous seul estant cause de la ruyne de
cét Estat, vous pouuez seul & à peu de frais le releuer &
restablir en sa premiere splendeur. Vn Ministre d’Estat ne
cueille pas tout seul la gloire d’vn heureux gouuernement,
plusieurs la partagent auec luy, Quand il a formé
quelque beau dessein en son cabinet, vn General d’Armée
l’execute à la Campagne, & rarement vn mesme a-il la
gloire du dessein & de l’execution. Mais en cette affaire
MONSEIGNEVR, vous seul pouuez resoudre & vous
seul executer le grand coup du salut de la France. Cét
Estat vous aura tousiours obligation du seruice que vous
luy rendistes à Cazal, lors que les Armées Françoise &
Espagnole estoient prestes à se choquer. Le petit nombre
de nos combattans en comparaison des Estrangers, donnoit
fondement de coniecturer que le sang François y
deuoit estre versé abondamment : Cette coniecture eschauffa
vostre zele à espargner cette honte à la France,



page précédent(e)

page suivant(e)