Morgues, Mathieu de [1643], LES DEVX FACES DE LA VIE ET DE LA MORT DE MARIE DE MEDICIS ROYNE DE FRANCE VEFVE DE HENRY IV. MERE DE LOVYS XIII. ROYS TRES-CHRESTIENS. DISCOVRS FVNEBRE. Par Messire MATTHIEV DE MOVRGVES Sr. de Sainct Germain, Docteur en Theologie, premier Aumosnier & Predicateur de ladite DAME ROYNE; Predicateur du ROY CATHOLIQVE, & Preuost de Harlebeke en Flandres. DEDIÉ A LA ROYNE CATHOLIQVE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_3.
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sainte ceux qui estoient detenus par debtes, & employant
des grandes sommes à cela : elle pratiquoit
le mesme dans les autres villes où elle seiournoit, ou
qui se rencontroient en son passage. Tels estoient
les exercices de pieté & de pitié de nostre bonne
Princesse, qui n’a rien emporté deuant Dieu que les
merites que sa charité luy a acquis. Cette vertu luy a
mis sur la teste la couronne de gloire, & luy a acquis
les biens eternels, sur lesquels la malice des hommes
ne sçauroit mettre la main. Ie tiens qu’elle est maintenant
dans le ciel benissant la Prouidence Diuine, qui
luy auoit donné des richesses pour luy faire exercer
la charité enuers les pauures, & les luy auoit ostées
pour augmenter sa charité enuers Dieu. O heureux
malheur ! qui faits retirer le cœur qui estoit respandu
dans les plaisirs de la vie ; & le remenant batu dans
soy mesme, tu faits, que rebuté du monde, il ne
cherche que son centre, qui est Dieu. Les afflictions
de nostre Royne augmentoient son amour, comme
l’eaüe iettée sur le charbon de pierre fait monter plus
haut sa flamme, & descouure le feu caché dans la
chaux. Si l’experience nous fait voir, que personne
n’acquiert la gloire par la paresse ; la Religion nous
enseigne, que les prosperitez de la terre ne donnent
point celles du ciel ; mais qu’on les gaigne en faisant
le bien, & souffrant le mal. Les chandeliers du temple
de Ierusalem ne se iettoient point en fonte, mais


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