Morgues, Mathieu de [1643], LES DEVX FACES DE LA VIE ET DE LA MORT DE MARIE DE MEDICIS ROYNE DE FRANCE VEFVE DE HENRY IV. MERE DE LOVYS XIII. ROYS TRES-CHRESTIENS. DISCOVRS FVNEBRE. Par Messire MATTHIEV DE MOVRGVES Sr. de Sainct Germain, Docteur en Theologie, premier Aumosnier & Predicateur de ladite DAME ROYNE; Predicateur du ROY CATHOLIQVE, & Preuost de Harlebeke en Flandres. DEDIÉ A LA ROYNE CATHOLIQVE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_3.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 33 --

auoit deuant que de mourir, fait quelque espece de
reparation ; ou qu’elle auoit approuué ses actions &
ses conseils qui auoient troublé la Chrestienté. Elle
fit & signa de sa main son testament auec vne merueilleuse
tranquilité & rare iugement. Pour monstrer
que son cœur de Mere n’auoit que des ressentimens
d’amour pour le Roy Tres-Chrestien, qui auoit
tousiours eu le partage de Roy & d’Aisné ; encore
qu’on l’eut affligée sous son authorité, elle luy donna
vne double benediction, & le declara auec le Duc
d’Orleans heritier de sa dot, de ses acquisitions, de
son magnifique Palais, de ses meubles precieux, & de
douze années des rentes, qu’on luy auoit retenu.
Elle donna à ses autres Enfans & petits Enfans des
marques d’vne amoureuse souuenance, en leur distribuant
ce que sa misere luy auoit laissé. Elle n’oublia
pas aussi ses pauures seruiteurs qui l’auoient assistée
en son affliction, & voulut qu’ils eussent des tesmoignages
de sa iustice, & de sa recognoissance. Ayant
disposé de tout ce qu’elle abandonnoit en terre,
son esprit fort libre ne pensa plus, qu’à s’ouurir le
chemin pour le Ciel, où elle enuoya beaucoup de
souspirs & de prieres. Peu de temps deuant sa mort
elle dit à sa premiere Femme de chambre ; Ie me souuiens
de la Pratique de bien mourir que i’ay apris du
Pere Suffren ; demanda le Crucifix que S. Charles
Borromée portoit aux mourans, & qu’il tenoit en


page précédent(e)

page suivant(e)