Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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monstre, qui apres auoir eschappé des mains de Monsieur
le Prince, des Frondeurs & de la Iustice, doit enfin perir
par la vostre, ou par celle de Monsieur le Duc d’Orleans,
si ce n’est qu’vne action si glorieuse qu’est la punition de ce
traistre ne soit reseruée au Roy vostre fils, du moment
qu’il sera deuenu Majeur, & en estat de reprocher à ceux
qui l’ont souffert, & qui le supportẽt encore, de n’auoir pas
exterminé vn Ministre si contraire au bien de son Estat.

 

Apres tout cela, MADAME, pourrez vous encor
douter, que pour aider sous main le Roy d’Espagne à rentrer
dans vne Prouince qui est comme la frontiere & la
clef de Madrit, ce Ministre enuoye le Duc de Mercœur
en Catalogne, comme il fit autrefois le Prince de Condé
mon fils, auec peu de troupes & moins encore d’argent,
ou pour le faire perir & se deffaire adroittement d’vn des
principaux appuis de la maison de Vendosme, qu’il a egalement
& aussi sensiblement offensé que la mienne, ou (si
le mariage de ce Prince & de sa Niepce venoit à ce faire
apres tant de remises) pour oster aux plus simples le juste
soupçon qu’ils pourroient auoir de sa perfidie, en leur insinuãt
cette artificieuse pensée, qu’il n’y a pas d’apparence
qu’il eust voulu faire perdre au Roy vne Prouince importante,
comme est la Catalogne, dans le temps que son parent
& son Neueu en auroit esté le Viceroy, comme si toute
la France n’auoit pas veu cette Principauté dans le plus
grand danger de sa ruine & de retomber sous la domination
d’Espagne, lors que le Cardinal de Saincte Cecile y
commandoit Souuerainement, & qu’il fut contraint faute
de secours d’en reuenir sans ordre, detestant tout haut
la perfidie aussi bien que la timidité de son frere ; & comme
si tous les plus esclairez, & tous ceux qui connoissent à
fond la malice & la vanité de ce Ministre n’estoient pas
suffisãment persuadez qu’il sacrifieroit hardimẽt à son ambition
dereiglée le Duc de Mercœur, tout son Neueu qu’il
seroit, la maison de Vendosme, celle de Mancini, de Martinozzi,
de Magalotti, & d’vne infinité d’autres, & que



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