Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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de pensions criminelles, des diuisions & des partages
que ce Cardinal fait en la distribution des Benefices en la
mesme maniere que s’ils estoient des biens temporels qui
fussent dans le commerce des hommes, & dans le pouuoir
des Rois, ou de leur Ministres, pour en fauoriser qui leur
plaist, & bien souuent pour recompenser vn crime au lieu
de le punir.

 

Mais peut-estre que ce Cardinal estant plus grand Politique
qu’il n’est Canoniste ou Theologien, pouuoit auec
plus de prudence aux Gouuernemens des Prouinces &
des Places. Que vostre Majesté y prenne garde, elle verra
MADAME, qu’il ne les donne jamais au merite, mais
à la seruitude honteuse de ceux qu’il assujetit à sa faueur,
que le plus souuent il en dispose pour des gens inconnus, la
plus part Italiens, sans en parler à vostre Majesté qu’il priue
de la reconoissance & du seruice des Creatures que
vous feriez, & que ces jours passez par cette mauuaise
conduitte, il contraignit Monsieur le Duc d’Orleans à se
plaindre hautement qu’il auoit donné plus de 17. Gouuernemens
depuis la detention des Princes, sans luy en auoit
rien communiqué, bien qu’il soit Lieutenant General de
l’Estat.

Vostre Majesté peut encore remarquer si elle s’en veut
donner la peine, comme elle y est obligée, que ce fidel
Ministre ne confie jamais les Places frontieres qu’à ceux
qui luy sont assez soûmis, pour les remettre entre les mains
de l’ennemy par ses ordres, qu’il ne mist dans Ipre Monsieur
de Paluau, que par ce qu’il estoit sorty promptement
de la Citadelle de Courtray de peur de la deffendre ; qu’il
ne desnia cette derniere Place au frere du feu Mareschal
de Gassion, qu’à cause qu’il la deuoit bien garder, & qu’il
ne refusa sur la priere de mon fils le Gouuernement de la
ville d’Ipre à feu Monsieur de Chastillon, qui auoit contribué
de ses soins & de sa valeur à la prendre, que par ce
qu’il auoit trop de courage & d’ardeur au seruice du Roy,
pour la laisser perdre làchement, comme a fait celuy qui



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