Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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auant que le mal soit incurrable, comme il le deuient de
jour en jour.

 

Il entretient adroitement les mecontens de Prouence,
il escoute leurs plaintes, auec vne feinte compassion, &
tandis qu’il donne ordre au Comte d’Alais de la part du
Roy d’aller à Marseille establir des Consuls, coutre l’ancienne
liberté que les Bourgeois ont d’en choisir, il fait
sous main par l’artifice de ses creatures, souleuer aussi-tost
cette ville contre ce Gouuerneur quand il y veut entrer,
& fait tuer jusques à son Capitaine des Gardes, pour l’obliger
au ressentiment, & à recommencer la guerre, puis
il flatte les Deputez qui le vont trouuer à Dijon, jette la
faute de tout le mal sur le Comte d’Alais, il leur dit qu’il
n’auoit point ordre du Roy de les troubler en la possession
qu’ils ont desliré leurs Consuls, il confirme les anciens
priuileges, ainsi en mil autres rencontres, il tâche à reuolter
cette Prouince contre son Gouuerneur, pour l’en
chasser, à cause qu’il est Cousin germain de Monsieur le
Prince, s’en emparer luy mesme, comme estant voisine de
l’Italie, ou en tout cas y faire entrer l’Espagnol ou le Turc.

Il trauaille encore auec les mesmes artifices, & peut-estre
auec les mesmes fins, à jetter le trouble dedans la
Guienne, ou comme il a toûjours apuyé les violences du
Duc d’Espernon, il le sollicite encore aujourd’huy de les
continuer auec plus de chaleur, & à se ressentir de l’affront
qu’il pretend auoir receu des Bourdelois, de ne les auoir
pas tout a fait ruinez comme il esperoit, il force par ce
moyen la Prouince à prendre les armes pour se deffendre,
les villes à se cantonner, la Noblesse à s’assembler, les Huguenots
mesme à murmurer, qu’ils ne sont pas espargnez,
Messieurs de la Force à se venger des gens de guerre que
l’on enuoye pour les ruiner dans leur terre, enfin le Parlement
de Bourdeaux à e plaindre, & à commander nouuellement
à ses Deputez, à peine d’estre interdits de leurs
Charges, de faire toutes sortes d’instances auprés de vostre
Majesté, pour auoir vn autre Gouuerneur, sans doute



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